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...ccord de la victime – c'est important – , et uniquement dans des cas d'urgence vitale. Si la victime s'y oppose, le médecin sera, quoi qu'il en soit, dans l'obligation de l'informer de sa démarche. En conclusion, il ne s'agit pas de remettre en cause le secret médical mais d'autoriser – et non pas de contraindre – , sous certaines conditions, les médecins et professionnels de santé à adresser un signalement au procureur de la République lorsqu'il leur apparaît que les violences exercées au sein du couple mettent la vie de la victime majeure en danger et qu'elle se trouve sous emprise.
...quer un cas concret. Imaginons qu'une femme victime de violences se présente demain chez son médecin. Il est fort probable que celui-ci soit aussi le médecin de famille et de fait, potentiellement, le médecin du compagnon de la femme. Le médecin constate les violences dont est victime la femme et fait usage de son droit – qui, d'ailleurs, existe déjà – de les signaler au procureur. À partir de ce signalement, le procureur engage une enquête, pour laquelle il a besoin de preuves. Sans doute va-t-il commencer par demander un examen médical de la femme à l'unité médico-judiciaire, pour s'assurer qu'elle a été victime de violences. Il la convoquera ensuite pour l'entendre. Or, si cette femme n'a pas adhéré à la démarche judiciaire engagée, n'étant pas l'auteure de la plainte, il y a très peu de chances ...
... lorsque les deux conditions suivantes sont réunies : le danger imminent et l'emprise. Or, ces deux notions étant imprécises, le soignant devra distinguer péril et danger, ce qui semble très difficile en pratique. La confusion entre péril et danger pourrait engager la responsabilité pénale du professionnel de santé en cas de mauvaise interprétation, ce qui pourrait conduire à limiter le nombre de signalements par les soignants. Enfin, le glissement sémantique du contenu du signalement est déconcertant. En effet, la notion de présomption disparaît et le professionnel de santé qualifie juridiquement des constatations en violences conjugales, avec le renvoi à l'article 132-80 du code pénal.
... recevoir des femmes victimes de violences conjugales soulignent les difficultés qu'ils rencontrent à leur faire part de leurs soupçons au sujet des traces qu'elles ont sur le corps. Parfois, lorsque ces médecins affirment avec certitude qu'elles sont victimes de violences, ces patientes disparaissent tout simplement dans la nature. Nous croyons que le rôle du médecin ne peut être d'effectuer ce signalement, y compris dans les conditions prévues à l'article 8. Le médecin est celui qui écoute et peut éventuellement rediriger sa patiente vers des associations ou des psychologues, c'est-à-dire celles et ceux qui sont aptes à assurer sa prise en charge pour la conduire – souhaitons-le – à sortir de l'enfer de la violence. J'ajouterai, pour terminer, qu'un signalement suppose un fonctionnement parfait d...
...e révélés dramatiques. Ce n'est pas allé jusqu'au décès des patientes mais le médecin avait vu des traces et senti l'existence d'un danger sans pouvoir rien faire. Mon raisonnement a donc beaucoup évolué. Néanmoins, les arguments de M. Saulignac et de M. Pradié sont justes aussi et vont nous obliger à trouver un équilibre : une femme pourrait se sentir trahie parce que son médecin aurait émis un signalement. À ce sujet d'ailleurs, je répète que le texte évoque clairement un signalement, sans toucher, en réalité, au secret médical. On pourrait d'ailleurs même considérer que cela n'a rien à voir avec le secret médical, car il s'agit d'une situation de danger, ressentie par le médecin, sans lien avec une pathologie dont la femme souffrirait. Nous devons donc avancer sur le sujet. Les dispositions prop...
… même si je peux comprendre sa souffrance personnelle devant l'impossibilité de procéder à un signalement. Cependant, il était aussi important d'échanger sur ces questions avec les médecins spécialistes des violences conjugales, …
… lesquelles déclarent tous que ces femmes sont déjà sous l'emprise d'un mari violent et que leur avenir ne peut pas être entre les mains d'un médecin qui déciderait autoritairement de procéder à un signalement. J'entends bien que certains médecins revendiquent parfois la possibilité de ne pas constater des traces de violences chez une femme et que d'autres regrettent de ne pas pouvoir les signaler, mais ce qui doit nous intéresser, c'est le résultat de ce signalement, c'est-à-dire les suites qui lui seront données.
J'insiste : après ce signalement, si toute la chaîne des professionnels coordonnés ne fonctionne pas à plein pour assurer la protection totale et absolue de ces femmes, le médecin aura beau avoir procédé à un signalement, il n'empêchera pas forcément le drame de se produire – et il se produira peut-être beaucoup plus vite que prévu !
...lexifiait inutilement les dispositifs en vigueur. Pour ma part, les médecins et les professionnels de médecine travaillant pour l'association SOS Femmes 93, que j'ai interrogés, parmi d'autres, m'ont écrit cette phrase, qu'il me semble important d'entendre : « Ce serait une violence de plus pour ces femmes que d'être trahies par leur médecin. » Voilà la conclusion qu'ils en tirent ! En outre, le signalement d'un médecin au procureur de la République contre l'avis de la victime ou en dépit de son avis se traduirait par l'ouverture d'une procédure. Quand on sait combien il est difficile de mettre à l'abri, dans des hébergements d'urgence, les femmes victimes de violences qui se sont déjà déclarées, afin de les soustraire à la cellule familiale, le risque de créer des drames supplémentaires nous paraît...
Je n'ajouterai rien aux argumentaires de Stéphane Peu et Hervé Saulignac, qui étaient très précis. Nous avons également déposé un amendement de suppression de l'article 8 car la question des conséquences du signalement, telle qu'elle a été évoquée par M. Saulignac, nous semble essentielle. Le résultat risque d'être l'inverse du but recherché : …
... place. Nous risquerions de priver les victimes d'un rare et précieux soutien, d'entraîner une importante perte de confiance dans leur médecin et de les empêcher de libérer leur parole, ce qui est pourtant essentiel pour avoir la force de porter plainte. Enfin, le Conseil national de l'Ordre des médecins s'était effectivement prononcé pour cette disposition, mais dans la mesure, je crois, où les signalements seraient adressés à un procureur de la République dédié aux violences conjugales. Or il ne me semble pas que cela soit prévu dans la présente proposition de loi.
Cet article permet aux médecins de procéder à des signalements lorsqu'il a eu connaissance de violences infligées à un mineur ou à une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge – on parle plutôt là de la grande vieillesse – ou de son incapacité physique ou psychique.
Nous pourrions évidemment interpréter cette disposition comme la possibilité de procéder à des signalements concernant les femmes victimes de violences conjugales, mais encore faut-il que le juge perçoive ces victimes comme des personnes atteintes d'une incapacité psychique.
C'est pourquoi nous avons souhaité introduire cette disposition dans le cadre d'une loi relative à la lutte contre les violences conjugales, ce qui est aussi très symbolique. Dès lors que nous prévoyons très explicitement la possibilité d'un signalement dans le cas de violences conjugales, les choses seront beaucoup plus claires tant pour le juge que pour le médecin. Monsieur Peu, j'ai apprécié vos propos pondérés.
...la position de M. Saulignac, selon lequel l'article 8 présentait un danger grave. Nous avons fait preuve de mesure dans l'écriture de cet article, dont je vous proposerai d'ailleurs, comme je vous le laissais entendre, une nouvelle rédaction, encore affinée, travaillée avec le Conseil national de l'Ordre des médecins, lequel est favorable à une disposition permettant aux médecins de procéder à un signalement lorsque la victime est en danger vital et immédiat, et sous l'emprise de son conjoint. Nous parlons de cas très précis, et les signalements ne seront peut-être pas assez fréquents au vu du nombre de femmes qui meurent chaque année sous les coups de leur conjoint – elles ne sont pas toutes vues par un médecin, mais lorsque nous pouvons les sauver, faisons-le ! Comme l'a très bien dit M. Balanant,...
...suivi judiciaire ensuite – , mais ce qui m'intéresse c'est ce qui se passe de façon chronique, « à froid ». On doit pouvoir également attendre dans ce cas que le médecin exerce une espèce de veille à l'égard de victimes potentielles. De ce point de vue, je crois que le colloque singulier entre le patient et son médecin doit être absolument préservé dans une situation de confiance et que, s'il y a signalement – ce sera l'objet de mon amendement – , il faudra utiliser le consentement du patient ou de la patiente parce que c'est un outil de persuasion. Je le répète – et j'en parle en connaissance de cause – , même si les victimes ne consultent pas forcément pour montrer qu'elles ont reçu des coups, elles savent qu'au cours de son examen le médecin va s'en apercevoir. C'est là que nous devons, en tant q...
.... Une deuxième condition s'y ajoute : le médecin doit constater que cette personne, qui est en état de danger vital, est également en proie à une emprise qui la met dans l'incapacité de déposer plainte elle-même. Troisième condition enfin, même après avoir constaté le danger immédiat et l'emprise, le médecin a l'obligation de tenter de convaincre sa patiente de déposer plainte et de procéder à un signalement.
Je regrette que vous n'ayez apporté aucun éclaircissement quant à la sécurisation du parcours des femmes à l'issue du signalement. C'est là une véritable lacune de votre proposition, …
Mme Émilie Bonnivard pointe ici le coeur du sujet : le problème ne tient pas à un manque de signalements. Je rappelle que 60 % des femmes tuées par leur conjoint avaient signalé les violences qu'elles subissaient. Pourtant, vous vous focalisez sur le signalement. Je me moque de savoir si les faits pourront être signalés plus facilement ou non ; ce qui m'intéresse, c'est ce qui advient après le signalement. Vous ne dites rien à ce sujet !
La vraie question tient à la chaîne de protection qui s'enclenche après que le médecin a procédé à un signalement. Vous êtes cruellement silencieux en la matière. Ces femmes ont besoin de protection ; signaler, c'est aussi dénoncer, et cela peut être violent. N'ajoutez pas de la violence à la violence ! Ne commettez pas cette erreur, et retirez cet article !