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Lors de son déplacement au Burkina Faso, le 28 novembre 2017, le Président de la République avait indiqué que le franc CFA était un non-sujet pour la France. En effet, si cette monnaie est issue de l'histoire commune qui lie notre pays à plusieurs États africains, elle est depuis les indépendances l'un des attributs de la souveraineté de ces États. Or au cours de l'année 2019, les débats se sont faits insistants, principalement en Afrique de l'Ouest. Les autorités de l'Union économique et monétaire ouest-africaine ont fait part de leur souhait de voir évoluer le fonctionnement...
...son activité de résistant – bien au contraire – , on connaît ses dérives concernant l'Algérie française. Le franc CFA était celui des colonies françaises d'Afrique : il est connoté. Par hypocrisie – il faut le dire clairement – , il est devenu au fil des années le franc de la communauté financière africaine. Nous ne pouvons continuer de la sorte. Charles de Gaulle disait qu'un pays qui ne bat pas monnaie n'est pas un pays ; certes, la France ne bat plus monnaie, mais c'est un autre sujet. Les billets de banque africains sont encore imprimés à Chamalières !
...ation de vote sur la motion de rejet : le processus a été trop rapide. L'idéal aurait été d'attendre un peu pour impliquer la CEDEAO, qui réunit l'UMOA et sept autres pays, afin d'appliquer une réforme globale. La CEDEAO avait commencé à réfléchir au sujet, elle est à l'origine de l'eco. Depuis la visite du président Macron, tout s'est précipité, et seule une partie des pays concernés changera de monnaie ; les autres disent clairement qu'ils ont été court-circuités. Leur réaction est juste et légitime : cela ne se fait pas si l'on veut un accord global accepté de tous. J'ajoute que le Nigeria, pays le plus puissant du secteur, avec 200 millions d'habitants et du pétrole, souhaite un panier de monnaies susceptible de fluctuer. Or jamais l'accord n'évoque la puissance de ce pays, ni le déséquilibre...
...principes démocratiques les plus élémentaires. Les fondements des relations franco-africaines n'ont guère été assainis. Il s'agit toujours d'intérêts financiers et de ressources accaparées par des oligarchies et des affairistes – là-bas, certes, mais également ici ! Du point de vue strictement économique, les standards de la mondialisation néolibérale ne seront pas non plus ébranlés. La nouvelle monnaie, l'eco, reste solidement arrimée à l'euro. La parité et la convertibilité rassurent quant à la stabilité ; toutefois, la lutte contre l'inflation est d'abord une politique au service des rentiers, et ne permet pas de financer les investissements dont les États ouest-africains ont tant besoin, ni de lutter contre le chômage massif qui frappe leur population particulièrement jeune. Ces faiblesses s...
...dressées au franc CFA, accusé notamment d'être le symbole de la résurgence de la domination française en Afrique. L'objectif est d'appliquer un ensemble de réformes modernisant l'UMOA, et de faciliter leur extension progressive à d'autres pays de la CEDEAO. Les développements intervenus au sein de cette dernière montrent en effet une volonté politique de poursuivre le processus de création d'une monnaie unique au sein de la région. C'est néanmoins à la surprise générale des élus, des opérateurs, des banques centrales et des populations elles-mêmes que les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont annoncé, en décembre 2019, ce changement de monnaie, dont on ne sait toujours pas quand il sera effectif. Les discussions ont abouti à une proposition commune de réforme des instances et du f...
Les prémices de cette entreprise remontent aux années 1960 ; il s'agit de doter les pays de la CEDEAO d'une monnaie unique, afin de faciliter les échanges commerciaux et l'intégration économique de la région. La création de cette monnaie unique, également baptisée eco, était initialement prévue pour le 1er juillet prochain. Le danger est alors de voir se perpétuer deux zones monétaires distinctes, d'autant plus que certains pays, comme le Ghana, ont d'ores et déjà exprimé leur préférence pour un système de cha...
... Tous ces pays font également partie d'un ensemble plus large : la CEDEAO, c'est-à-dire la Communauté économique des États de l'Ouest africain, qui compte en outre le Cap-Vert, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Nigeria et la Sierra Leone. Or les quinze États qui composent la CEDEAO ont pour objectif de converger économiquement, et entre autres, depuis des années, de travailler à une monnaie unique. Il n'y a pas de hasard : depuis 2019, la mise en place de cette monnaie unique de la CEDEAO s'accélère, et elle a reçu un nom, l'eco ; pourtant, en décembre 2019, sans que les membres de la CEDEAO, ni même les autres membres de l'UEMOA, ne soient au courant, Emmanuel Macron, président français, et Alassane Ouattara, président ivoirien, ont annoncé la mise en place de l'eco à l'échelle de ...
...du passé. Nous entendons la demande des jeunesses africaines en quête d'avenir et de souveraineté ; nous décidons ensemble de nous débarrasser des symboles du passé pour embrasser l'avenir. Les États de l'Afrique de l'Ouest ont décidé de prendre en main leur destin monétaire, en accord avec notre pays, grâce à trois évolutions fondamentales qui ont déjà été rappelées : le changement de nom de la monnaie, la fin du versement de 50 % des réserves de change au Trésor français, le retrait de la France des instances de gestion monétaire. J'entends depuis tout à l'heure les propos de certaines de nos oppositions. Je ne peux y souscrire. Quelles options avons-nous ? Souhaitons-nous laisser des pays amis, des pays frères, entrer dans une incertitude économique sans leur apporter le concours qui nous es...
... élevée engendre des problèmes de compétitivité, notamment pour l'exportation de la production locale, mais pourrait également constituer un frein à l'intégration régionale, à terme. Cette intégration est aujourd'hui très faible : le commerce interrégional n'excède pas 15 % des exportations des pays de l'UEMOA. Le deuxième défi concerne les équilibres régionaux : la mise en place, à terme, d'une monnaie unique à l'échelle de la CEDEAO pose la question du Nigeria. Ce géant domine les économies des pays de la sous-région ; il représente 60 % de la population de la zone et 66 % du PIB, avec un modèle économique qui repose sur l'exportation de pétrole et la pratique d'une politique de change flottant. Son poids écrasant inquiète ses voisins. Le troisième défi est celui de la frontière monétaire nou...
... ne participe plus à l'élaboration et à l'application des politiques communes. Il subsiste néanmoins des règles et une présence françaises, sources de préjugés coloniaux persistants, qu'il convient de lever. C'est bien une nouvelle étape dans les relations entre notre pays et ceux de l'Afrique de l'Ouest qui va s'ouvrir et l'accord qui nous est proposé change pour commencer la dénomination de la monnaie : le franc CFA s'intitulera désormais l'eco. Deuxièmement, la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest n'aura plus pour obligation de déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France et sera donc désormais souveraine pour placer ses avoirs dans les actifs de son choix. Enfin, troisième changement, la France se retirera des instances de gouvernance de l'Union éc...
… est un véritable indicateur de la volonté politique de la France de tourner définitivement la page de la Françafrique. Pour les pays d'Afrique de l'Ouest et pour ses peuples, la reconquête de leur souveraineté passe par l'abandon du franc CFA. Dès son origine, cette monnaie portait les germes d'une relation contrainte. En effet, avant de devenir le franc de la communauté financière d'Afrique, ses premières dénominations étaient « franc des colonies françaises d'Afrique » et « franc de la communauté française d'Afrique ». Pour les peuples des pays concernés, il est devenu essentiel de pouvoir s'approprier leur monnaie. Il ne faut pas que la période coloniale pèse dav...
...ria ayant demandé le report de la réforme du franc CFA. Un an après l'annonce, si de nombreuses questions n'ont toujours pas été tranchées, une grande partie des réponses relèvent désormais de la responsabilité des pays africains eux-mêmes – cela a été dit à l'instant et figure en bonne place dans le rapport de notre collègue Jean François Mbaye. Quelle articulation imaginer entre cette nouvelle monnaie et celle, également baptisée « eco », qu'envisagent les pays de la CEDEAO ? Quelle gouvernance établir entre les huit pays de la zone UEMAO, qui seront concernés par l'eco, et les six pays de la zone CEMAC, qui utilisent un franc CFA légèrement différent ? La question monétaire renvoie en effet aussi à celle de l'organisation politique et une réforme monétaire peut être l'occasion d'une refonte d...
Le 21 décembre 2019, le président ivoirien Alassane Ouattara et le Président de la République, Emmanuel Macron, ont annoncé une réforme des relations de coopération monétaire entre la France et l'Union monétaire ouest-africaine. L'accord qu'ils ont signé s'inscrit dans le cadre de la constitution d'une monnaie unique de la CEDEAO. D'importance majeure pour la région, cet accord de coopération monétaire remplace celui du 4 décembre 1973 et préserve les paramètres économiques clés de stabilité monétaire et de résilience de l'UMOA, à savoir la parité fixe de la monnaie commune avec l'euro et le soutien procuré par la garantie de la France. L'existence d'une zone monétaire fédérant ces pays et leur permet...