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...suffisait de mettre son téléphone de côté pour y échapper. Ces débats ne datent que d'un ou deux ans, mais j'ai l'impression qu'ils sont d'un autre temps tellement d'eau a coulé sous les ponts et tellement de souffrance est remonté à la surface, une souffrance universelle qui touche bien sûr les personnes les plus vulnérables, cibles de la haine en ligne en raison de leur prétendue race, de leur religion, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, mais aussi tout un chacun qu'on cherchera à déstabiliser en raison de ses convictions, de son uniforme, de sa fonction. Notre pays en a payé le lourd tribut. Ces victimes quotidiennes de la haine en ligne, vous les connaissez : ce sont vos filles, vos frères et sœurs, vos voisins de palier, cet inconnu croisé tous les jours au café d'en fa...
...er : un tiers de ses articles visent à instaurer des procédures de contrôle et plus d'un quart, à définir des peines d'emprisonnement. Il est donc bien loin d'affirmer la cohésion et la force qui devraient caractériser la République au lieu de la fermeture et de l'autoritarisme. Pensez-vous que nous renforcerons l'adhésion en réprimant ? Pensez-vous que la laïcité consiste à prendre pour cible la religion, plutôt que l'intégrisme et le fanatisme ? Ce texte confond tout ; or la laïcité est clarté. Elle est à la fois liberté et contrainte, possibilité d'avoir sa propre croyance, refus catégorique d'un quelconque ascendant exercé par une religion sur l'État. L'intégrisme et le fanatisme constituent pour leur part l'avers et le revers d'une même pièce : le radicalisme religieux, lequel s'efforce de dé...
...d'abord, car la laïcité, c'est la construction de l'autonomie de la personnalité et de l'esprit critique, tout particulièrement à l'école, grâce à l'apprentissage des matières et disciplines scolaires. C'est aussi la mise à distance des assignations identitaires. C'est enfin un droit précieux, particulièrement apprécié des enfants venus de pays où l'on est d'abord défini par son origine et par sa religion : la laïcité, c'est aussi le droit d'être différent de ses différences. L'égalité ensuite, car la laïcité, c'est la commune appartenance à la nation et le partage de la citoyenneté – de ses droits comme de ses devoirs. La fraternité enfin, car la laïcité impose de privilégier ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous sépare. Oui, la laïcité est un joyau de paix et de concorde. Elle n'est pas ...
...t : à chaque fois, vous passez à côté du sujet. On aurait pu croire qu'au moins en matière de laïcité, sujet dont vous avez tant parlé, votre texte permettrait des avancées. En réalité, aucune de vos mesures ne va dans le sens des principes laïques ou alors seulement si l'on adhère à votre drôle de définition empruntée à l'extrême droite selon laquelle la laïcité consisterait à lutter contre une religion en particulier, forme de racisme qui ne dit pas son nom. En revanche, vous ne faites rien pour asseoir la séparation entre l'Église et l'État, bien au contraire. Malgré nos demandes, vous maintenez le régime concordataire en Alsace-Moselle et le statut issu de l'ordonnance de Charles X en Guyane. Ensuite – et c'est un comble –, vos dispositions sur les biens de rapport créent de nouvelles possi...
De cet amalgame ne surgit que le spectre de la discrimination : vous suggérez que le danger du prosélytisme serait tel dans notre pays que des communautés entières seraient soumises à la loi non plus de l'État mais de la religion, sans prouver, à travers une étude d'impact, qu'il s'agirait d'une réalité à combattre par une loi de ce type. Ce faisant, vous tombez dans le piège de ceux qui utilisent le terrorisme pour diviser les Français et engager une guerre de religion. De surcroît, armés des mêmes prétextes, vous vous attaquez à nos libertés fondamentales et aux libertés associatives. Ces mesures ont alerté le Conseil ...
...en particulier sur la laïcité, aucun effort n'ait été réalisé dans l'étude d'impact, dans l'exposé des motifs ou dans le préambule du projet de loi, pour préciser ce que ce principe recouvre. Après plusieurs décennies d'apaisement, les questions religieuses ont fait leur retour. La montée en puissance d'un islam radical soulève des questions spécifiques, qui n'ont pas grand-chose à voir avec les religions et ce principe de laïcité que le Conseil constitutionnel considère comme inhérent à l'identité constitutionnelle de la France. Or vous n'explicitez même pas ce principe. Cette mission complexe ne devrait pourtant pas vous effrayer : nous devons cet effort de clarté à nos concitoyens, mais aussi aux référents laïcité que vous avez décidé de créer et, plus généralement, aux Français, qui ne savent...
...seignement privé, dont on sait qu'il accueille, en moyenne, moitié moins d'élèves issus de milieux défavorisés que les établissements publics. En conclusion, et comme l'ont affirmé de nombreux acteurs concernés par ses dispositions, le projet de loi tape à côté de ses objectifs, ne touche pas à l'essentiel, et jette la confusion quant à nos véritables ennemis. Il faut distinguer, d'une part, les religions, gouvernées par un principe de laïcité qui protège la liberté de croire ou de ne pas croire, et, d'autre part, l'instrumentalisation funeste et mortifère de la religion par quelques-uns. Quelle que soit l'utilité de certaines mesures préventives ou répressives, que nous voterons sans difficulté, le respect des principes républicains impose la mobilisation de toutes les collectivités et politique...
... formulées par notre groupe, comme la création d'une fondation pour chaque culte, permettant de faire transiter les fonds étrangers par un tiers afin d'éviter que le donneur n'exerce une influence sur le receveur, ou la création d'une infraction criminelle sanctionnant la participation à un groupement dans le but de commettre des violences contre les personnes en raison de leur origine ou de leur religion. Rappelons également que notre président, Jean-Christophe Lagarde, a évoqué en première lecture une mesure importante concernant le mode de désignation des membres du Conseil français du culte musulman (CFCM). Je regrette enfin que plusieurs articles de bon sens issus du Sénat aient été balayés lors de la nouvelle lecture en commission : l'interdiction de listes communautaires aux élections – cel...
…j'ai la conviction que se situe là notre grand défi français. Oui, dans leur majorité, les Français musulmans sont des citoyens ordinaires qui respectent les lois ; ils ont le droit de croire, de prier, de pratiquer leur religion. Hélas, une minorité significative de musulmans considère que la loi islamique, la charia, doit primer. Selon un sondage réalisé par l'IFOP en novembre 2020, 57 % des jeunes musulmans estiment que la charia doit primer. Depuis une vingtaine d'années, nous assistons à un assaut systématique contre les idéaux républicains dans les services publics, les hôpitaux, les communes et les écoles. C'est p...
...er, une réelle menace pour notre pays. La question qui se pose est celle des moyens à mobiliser pour faire face à cette menace. Or une majorité des membres de notre groupe considère que les outils prévus par ce texte ne sont pas les bons. Dans vos discours, vous visez les terroristes islamistes mais, dans les faits, de nombreuses mesures de ce texte s'appliqueront à tous les cultes et toutes les religions, qui sont des religions de paix. Elles vont donc s'appliquer à des personnes, des associations, des familles qui respectent les valeurs de la République et qui vont se voir imposer une surcharge de contraintes inutiles. La laïcité n'est pas l'opposition aux religions, je veux le dire ici, à l'Assemblée nationale. La laïcité impose aux religions la nécessité de s'exercer dans un cadre respectant ...
... a répondu qu'elle aurait pu signer le livre qu'il venait de publier sur le séparatisme islamiste. Voilà le contexte que vous entendez créer : vous voulez qu'il soit clair que vous n'êtes pas en reste par rapport à l'extrême droite pour traquer nos concitoyens de confession musulmane. Je le dis comme cela car les choses ont été formulées clairement tout à l'heure. Vous ne demandez à aucune autre religion de notre pays ce que vous demandez à la religion musulmane ; vous ne demandez à aucune d'entre elles de créer des cadres associatifs plus démocratiques. Évidemment, ce serait contraire à nos principes républicains : nous n'avons pas à nous mêler de l'organisation des cultes… sauf, manifestement, dans ce texte, concernant l'islam. Pourquoi l'islam ? J'ai été assidu aux auditions menées afin d'enr...
...s endroits où il y a des difficultés et, généralement, nous les surveillons. Il n'y a pas lieu de demander des modifications spécifiques aux associations cultuelles musulmanes, à moins de formuler la même requête à l'égard de tous les autres cultes, ce que personne n'envisage ici, évidemment. Qu'on le veuille ou non – peut-être ce constat est-il difficile à faire pour certains d'entre vous –, les religions ne sont pas des démocraties : elles s'organisent comme elles veulent et répondent à d'autres règles que celles qui organisent la République. Vous avez forgé le mot « séparatisme ». Vous avez donc découvert qu'il y avait dans ce pays des gens qui ne veulent pas envoyer leurs enfants dans les mêmes écoles que les autres, qui ne veulent pas habiter dans les mêmes quartiers que les autres, ni répon...
...t>e République –, ni sur ce qui pourrait redonner du sens à la République – comme la volonté de disposer d'outils d'intervention populaire –, mais, à l'inverse, sur ce qui nous détourne des questions sociales, démocratiques et écologiques : l'islam, l'islam, l'islam. Voilà où nous en sommes, à tel point que M. Meyer Habib est monté à la tribune pour nous expliquer la supériorité d'une religion par rapport à l'islam.
Je respecte l'ensemble des religions, mais comment est-il possible qu'un orateur puisse venir ici défendre un dogme contre un autre et affirmer qu'il en est un supérieur à l'autre ?
Parmi tout ce que j'aurai à reprocher à ce projet de loi et, surtout, aux discussions qui l'ont entouré, il y a d'abord la confusion ainsi établie dans les esprits et dans le débat public. Progressivement, on aura fini par croire des choses absurdes, par exemple que la laïcité serait une sorte d'athéisme d'État, celui-ci commandant que la religion soit une affaire suspecte. Mais ce n'est pas l'histoire de France, ce n'est pas l'histoire de cette idée. La laïcité n'est pas un athéisme d'État. C'est, au contraire, la condition qui permet à chaque religion d'être vécue par chacun dans son cœur, dans sa conscience, et d'être pratiquée en toute liberté. Car là où l'État reconnaît les religions, l'une d'entre elles domine forcément, et qui dit d...
...ans ses bras un prêtre et un pasteur. Cet homme, c'est Rabaut Saint-Etienne, avocat, fils d'avocat, petit-fils de l'avocat qui avait fait libérer les protestantes qui, à l'issue d'une grande rafle organisée par le roi Louis XIV, avaient été emmurées pendant trente ans. La République et la volonté du peuple sont nées dans l'idée de rétablir la concorde entre tous les citoyens, quelle que soit leur religion !
...'exemple de la liberté d'avorter : ce n'est pas une obligation, on n'a jamais dit que les femmes qui ne souhaiteraient pas avorter y seraient contraintes, et celles qui considèrent que ce serait un péché sont en droit de faire comme elles l'entendent. Chaque fois qu'une liberté semble aller contre une prescription d'un culte, il faut se souvenir que c'est avant tout une liberté. C'est pourquoi la religion et l'État doivent vivre chacun de son côté. Bien sûr, la rencontre se fait dans la cité – je vais y revenir –, mais cela n'autorise pas des dirigeants politiques, et vous serez, j'en suis sûr, d'accord avec moi, à dire ce qui doit se trouver dans la religion et ce qui ne doit pas s'y trouver.
…surtout quand on sait d'entrée de jeu que les trois religions du Livre ne sont pas très ouvertes sur le sujet, qu'elles condamnent en l'occurrence plutôt qu'elles n'encouragent. De quel droit irions-nous dire : « Ne faites pas ceci, ne faites pas cela, n'en parlez pas dans le culte. » Il est arrivé qu'en France, à juste titre, on poursuive et l'on sanctionne des sectes comme l'Église de Scientologie. Mais ce n'était pas à cause de ce qu'elles enseignent, n...
...it de la laïcité un athéisme d'État et permettrait aux politiques de dire aux religieux ce qu'ils doivent faire ou penser. Elle est le fruit pourri d'un débat qui n'a pas brillé par la tolérance et la compréhension mutuelle, lesquelles, face à des sujets comme ceux-là, doivent constituer une règle absolue. On pourra dire ce qu'on veut, c'est ainsi : depuis des millénaires d'existence humaine, la religion fait partie des activités fondamentales qui ont organisé jusqu'à la naissance même de l'État et des cités. Toutes se sont construites autour du culte d'un dieu qui unifie les pratiques sociales et permet au groupe de se rassembler au-delà des nombres à partir desquels il se séparait dans un passé très profond. Par conséquent, il n'existe pas d'autre relation à la religion que celle qui est marqué...