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Cette situation commande d'adopter rapidement les mesures prévues par cette proposition de loi mais aussi d'adapter la fiscalité sur les successions afin qu'elle ne soit pas confiscatoire et permette d'éviter la dépossession annoncée. Le problème aigu de la rareté du foncier, né des caractéristiques topographiques et géographiques de l'île-montagne qu'est la Corse et du phénomène que je viens de décrire, accentue la rupture d'égalité. Ce constat est largement partagé. Il n'est l'apanage d'aucun clan ni d'aucune majorité politique. Le Président de la République lui-même a reconnu, lors du discours qu'il a prononcé à Bastia le 7 février 2018, que le logement était « devenu un problème endémique sur l'île ». Le chemin juridique dans ...
...s de l'Assemblée de Corse, déterminerait le seuil, exprimé en prix au mètre carré, à partir duquel le droit de préemption pourrait s'appliquer dans les zones concernées, elles-mêmes choisies par délibération de la même Assemblée. Cet article se justifie tout d'abord par le fait que la collectivité élabore le plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (PADDUC). Par ailleurs, sur l'île, du fait de leur petite taille, les communes et les intercommunalités n'ont pas du tout les moyens financiers de rendre efficace un droit de préemption urbain si tant est qu'elles le détiennent car 80 % d'entre elles ne peuvent l'exercer en l'absence de plan local d'urbanisme (PLU) approuvé. Les valeurs immobilières sont exponentielles tandis que les budgets restent très étriqués. Par ailleurs, l...
Cette proposition de loi s'attaque à une tumeur maligne qui grossit de jour en jour et se métastase à travers toute l'île : celle de la spéculation immobilière et foncière incontrôlée. Le mal est si profond que le dernier rapport d'information consacré au sujet, en juillet 2019, par l'Agence d'aménagement durable, d'urbanisme et d'énergie de la Corse établit que « l'accès au bâti et au foncier pour se loger, créer une activité économique ou agricole, devient quasiment impossible pour une famille insulaire au revenu ...
...tre 36 %. Encore une fois, cette frénésie a des conséquences désastreuses sur l'accès au logement. Certains nous objectent que c'est également le cas sur la Côte d'Azur ou en région parisienne ; reste que la Corse, elle, est une région pauvre – un Corse sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et le revenu annuel médian est inférieur de 17 % à celui de la France métropolitaine. En outre, dans notre île-montagne, aux contraintes géographiques importantes, il est difficile de se soustraire à l'inflation en se logeant loin de son lieu de travail ; c'est tout particulièrement vrai pour la jeunesse, qui devra finir par renoncer à s'installer chez elle à cause de cette constante flambée des prix. La cherté de la vie est aussi celle des carburants, au sujet de laquelle nous ne cessons d'alerter le Go...
... se porte à merveille, reflet des inégalités […] entre les ménages ». Les résidents des zones touristiques pâtissent directement de ces dynamiques inégalitaires. C'est le cas évidemment en Corse, dont l'insularité et les paysages incroyables n'ont pas fini d'attirer massivement les visiteurs. Cet engouement serait loin d'être un problème s'il ne s'accompagnait de jeux spéculatifs tels que, dans l'île, plus de 40 % des logements sont des résidences secondaires – encore s'agit-il d'une moyenne, ce taux atteignant un niveau autrement plus élevé dans certaines villes. Parmi ces résidences secondaires, 55 % appartiennent à des continentaux et 8 % à des étrangers. Entre 2006 et 2019, le coût du logement a augmenté deux fois plus vite en Corse que dans l'Hexagone, alors qu'une personne sur cinq y v...
...loger, de vivre et de travailler au pays ; elle est essentielle. Dans les années trente, un grand résistant corse, Jean Nicoli, assassiné en 1943 par les Chemises noires, évoquait déjà dans ses écrits ceux qu'il appelait lui-même les « spoliés de la terre » ; il avait fait de leur sort l'un de ses combats. Comme l'indiquait à l'instant Éric Coquerel, il existe des similitudes entre la Corse et l'Île-de-France quant aux inégalités de patrimoine et de revenu, même si les deux régions n'ont rien à voir entre elles. Les disparités en matière de revenu – ce que certains ont pu appeler un apartheid social et territorial – s'y développent. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, de tels écarts sont notamment liés à la question du patrimoine. Tous les mécanismes de défiscalisation instaurés au ...
...texte. Oui, la spéculation foncière existe en Corse ! Elle y est même particulière pour trois raisons. La première est que les Corses sont pauvres. Le revenu médian, qui s'élève à 20 000 euros, est de 20 % inférieur à ce qu'il est dans l'ensemble du pays. Étant pauvres, les Corses sont parfois contraints de vendre leurs terres. La deuxième raison de la spéculation foncière en Corse, c'est que l'île est belle, pour ne pas dire très belle, ce qui aiguise les appétits financiers. Outre qu'ils profitent eux-mêmes de la beauté de l'île, les investisseurs savent qu'ils peuvent gagner beaucoup d'argent en louant les résidences qu'ils font construire ou en réalisant une belle plus-value à la revente. La troisième spécificité de la spéculation foncière en Corse, c'est l'incapacité des institutions ...
...la majorité de l'habitat dans des villes comme Bonifacio ou Porto-Vecchio. En outre, seulement 37 % de ces résidences sont la propriété de personnes résidant habituellement en Corse. Ces résidences secondaires sont très fortement mobilisées comme locations saisonnières plutôt que comme lieux de villégiature estivale de leurs propriétaires. Elles représentent ainsi 75 % de l'offre touristique de l'île, avec une forte concentration près du littoral, où elles alimentent un marché spéculatif lié à leur rentabilité et à la faible disponibilité du foncier du fait des effets cumulés des lois « montagne » et « littoral ». Alors que la Corse sortira en 2027 du régime fiscal dérogatoire des successions, la liquidation des successions futures et leur imposition se feront sur la valeur réelle des biens ...
Je le dis clairement à mes amis corses, vos combats sont les nôtres. Ils sont légitimes, ils sont honnêtes, et je sais que toute l'île est derrière cette proposition de loi. Celle-ci traduit directement le besoin de différenciation, singulièrement exprimé par la Corse, dans la limite de ce qui est permis, vous l'avez dit, madame la ministre, par la loi et par la Constitution. Ce besoin de différenciation mérite des évolutions proportionnées. Nous analysons un texte qui aborde diverses problématiques relatives à cette collectivi...
...i m'est donnée pour louer l'esprit d'initiative et d'investissement des nombreux entrepreneurs corses établis en Afrique de l'Ouest, dans ma circonscription. Ils se retrouvent à Dakar à l'union amicale corse autour de mon ami Jean-Michel Sol ou au fin fond de la Guinée-Bissau, chez M. Grimaldi, propriétaire du restaurant Le Kalliste, poussés à tenter avec succès l'aventure loin de leur très chère île. À mes amis Jean-Félix, Michel ou Paul-André, je voudrais dire « A nostra casa hè chjuca, u nostru cori hè grandi » : notre maison est petite, mais notre cœur est grand. La liberté de vote est laissée aux membres du groupe Agir ensemble sur cette proposition de loi, mais, à titre personnel, vous l'aurez compris, j'y suis très favorable.
La présente proposition de loi essaie, avec volontarisme et imagination, de contourner ce fait majeur qui explique que les adaptations législatives ne peuvent être que marginales. Elle apporte donc une réponse partielle, insuffisante mais nécessaire dans le cadre juridique qui est le nôtre, celui de l'absence de dispositions constitutionnelles. Il faut souligner que la Corse est l'une des seules îles de l'Union européenne à ne pas bénéficier du cadre constitutionnel requis pour construire sa propre identité, en l'occurrence au sein de la République française. Nous ne pouvons que regretter ce manque.
...si la tendance en matière de construction de résidences secondaires se poursuit au niveau constaté ces deux dernières décennies – alors que le taux de pauvreté des Corses est largement supérieur à la moyenne nationale –, si nous laissons les Corses devenir des étrangers sur leur propre terre, nous ne pourrons pas dire que nous n'avions pas été prévenus ; la situation dans laquelle nous laissons l'île tomber peu à peu est à même de créer des frustrations majeures au sein du peuple corse, qui n'aurait plus la place qu'il doit avoir chez lui.
... loi et les dispositions qu'elle contient : le droit de préemption, les mécanismes d'encadrement, le droit à l'expérimentation législative qui autorisera la collectivité de Corse à expérimenter des mesures relevant de dispositions législatives en vigueur ou en cours d'élaboration lorsqu'elles présentent, pour l'exercice de ses compétences, des difficultés d'application liées aux spécificités de l'île. Cette proposition de loi est le minimum que le Parlement puisse faire aujourd'hui. J'espère toutefois qu'après l'élection présidentielle, nous traiterons enfin de manière fondamentale, dans le cadre de la Constitution française, le cas de la Corse.
...la plus élevée de toutes les régions métropolitaines. On observera le paradoxe négatif qu'il y a à connaître en même temps une situation sociale désastreuse et une attractivité record. C'est là le résultat du fonctionnement de l'économie résidentielle, laquelle crée certes des situations enviables, mais n'a provoqué de développement économique nulle part dans le monde, et encore moins en Corse. L'île compte aujourd'hui 350 000 habitants, je le répète, dont 200 000 n'y étaient pas encore en l'an 2000. En vingt ans, la population a donc été renouvelée à hauteur de 57 % et le phénomène s'accélère. On comprend dès lors les redoutables problèmes que pose cette situation en matière non seulement de logements, d'emplois, de formation, d'infrastructures, de santé mais aussi de cohésion d'un corps so...
...és. Il s'agit d'un véritable problème auquel des réponses doivent être apportées. C'est tout l'enjeu de la proposition de loi de notre collègue Acquaviva, visant à réguler le phénomène de spéculations immobilière et foncière qui empêche trop souvent les insulaires les plus modestes de se loger décemment. L'un des facteurs de ce phénomène spéculatif est l'achat massif de maisons secondaires sur l'île, le plus souvent à prix d'or. Les derniers chiffres de l'INSEE parlent d'eux-mêmes : en Corse, 72 000 habitations sont déclarées comme secondaires, soit 28,8 % du parc de logements – trois fois plus que la moyenne constatée dans les zones de province en France continentale. Plus signifiant encore, 37 % des résidences secondaires situées en Corse appartiennent à des habitants de l'île et 8 % à des...
...ays basque – je l'ai dit dans ma présentation. Cependant, ces tendances ne s'expriment pas partout avec la même intensité. En cela, nous avons une divergence avec Mme la ministre : les spéculations foncière et immobilière en Corse sont sans commune mesure avec celles qui sévissent dans le reste du pays, et créent une rupture d'égalité. Cette particularité tient à de nombreux facteurs propres à l'île. Ainsi, le coût du foncier y a augmenté de 138 %, quatre fois plus vite que la moyenne française. Les temps de trajet sont très longs entre les bassins d'emploi et les lieux de résidence, sans service public de transport. La topographie de l'île induit une rareté foncière naturelle. Un Corse sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, et le revenu annuel médian des habitants est inférieur de 18 % à l...
...u'en est-il des communes qui n'ont pas pu constituer de réserve foncière dans la perspective de l'intervention de l'Office foncier de la Corse ? Du reste, celui-ci aura-t-il les moyens de faire face à certains spéculateurs privés ? Je soutiens particulièrement cette initiative en tant que député d'un territoire littoral très actif, le pays de Retz, d'une partie du pays du Lorient et de plusieurs îles – Belle-Île-en-Mer en particulier. Je vous remercie sincèrement, madame la ministre, d'avoir reconnu la spécificité des petites îles non reliées au continent dans la loi 3DS. Vous avez regretté que la Corse n'y figure pas, et j'espère que les îles bretonnes donneront des idées à cette grande île, que je remercie les Corses d'avoir si bien préservée. Si nos problèmes ne sont pas équivalents à ce...
De quoi parle-t-on ? François Pupponi vient de le rappeler : à leur arrivée dans l'île, certaines personnes ont bénéficié du crédit d'impôt para-hôtelier. Ce sont vos impôts, mes impôts, qui leur ont donné un abattement fiscal de 30 % ; il me semble donc normal – et surtout moral – que quelques années plus tard, la revente du bien soit taxée. On ne saurait percevoir un gain à l'entrée et un autre à la sortie. J'aurais certes préféré que l'amendement soit rédigé différemment, en pl...
Trois fois de suite, ils ont élu une assemblée à majorité autonomiste, affirmant ainsi leur attachement à ce projet. Il y a plus de cinquante ans, des élus et des personnalités corses avaient réclamé l'autonomie, y voyant la seule solution pour sortir l'île de l'ornière où elle se trouvait. Or, depuis cinquante ans, les choses n'ont fait que s'aggraver dans les domaines économique, social et autres. L'idée de l'article est d'accepter le risque de conduire une expérimentation permettant à la Corse de prendre le chemin de l'autonomie. Il faut montrer aux Corses que l'Assemblée nationale y est favorable, que c'est la voie de la réussite et du développ...
Depuis quarante ans, dans le cadre du processus de décentralisation conduit dans les années 1980, 1990 et 2000, la Corse a été dotée d'un statut spécifique ; je me souviens que dans les cours de droit public, à l'université, on parlait souvent de l'île comme d'un laboratoire d'essais institutionnels. Le dispositif proposé à l'article 4, s'il est soumis au Conseil constitutionnel, risque en effet d'être jugé contraire à la Constitution. Nous l'avions adopté en première lecture de la loi 3DS pour envoyer un message à la population corse qui, par trois fois, s'est clairement exprimée sur les orientations qu'elle souhaitait donner à son territoire ...