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Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, l'article 4 vise à permettre à l'administration de procéder à des visites domiciliaires et à des saisies à des fins de prévention d'acte de terrorisme. Si l'état d'urgence prévoit les perquisitions administratives, celles-ci s'appliquant à tout ce qui menace la sécurité ou l'ordre publics, et s'il existe, dans le droit commun, des possibilités de procéder à des visites domiciliaires, rien n'est prévu pour la prévention du terrorisme, du moins lorsqu'il n'y a encore aucune suspicion d'infraction pénale. Cet article s'inspire pour partie des perquisitions administratives prévues par la loi de 1955, qui prév...
...épris, assumé parfois, du juge constitutionnel et du risque de censure, par conséquent au mépris de notre système de valeurs et de notre Constitution. Du côté du groupe La France insoumise, on nous accuse d'introduire dans la législation le principe de suspicion, mais c'est vous, mes chers collègues, que j'entends exprimer une suspicion envers la police, les services de renseignement, l'autorité administrative, le juge administratif, en brandissant l'argument des notes blanches
… elles ont besoin de pouvoir mettre en oeuvre ces mesures administratives, fondées sur des notes blanches qui servent notamment à protéger les sources et à étayer des renseignements provenant de sources étrangères qui ne pourraient servir de base à une procédure judiciaire, sachant que la finalité de ces mesures est toujours d'aboutir à une procédure judiciaire. Vous ne pouvez pas nier non plus que certaines interventions doivent être réalisées dans une urgence absol...
L'article 4 de ce projet de loi est emblématique, directement issu de l'état d'urgence et, en particulier, des perquisitions administratives. Les visites administratives et les saisies qui peuvent s'ensuivre, telles qu'elles sont prévues à ce même article, empruntent à ces mêmes perquisitions leur efficacité, fondée sur la rapidité d'action qu'elles autorisent. Cette rapidité administrative n'a pas d'équivalent dans les instances judiciaires. Il s'agit en effet, et en général sur la base d'une note émise par un service de renseignem...
Madame la ministre, dans le projet de loi que vous nous soumettez, et qui a vocation à créer, selon vous, une alternative sérieuse à l'état d'urgence, tout en permettant d'assurer une sécurité optimale pour nos concitoyens, cet article 4 prévoit de remplacer les perquisitions administratives de l'état d'urgence par l'insertion dans le droit commun de visites domiciliaires à l'initiative des préfets, sous autorisation judiciaire. Permettez-moi tout d'abord, avant d'étayer mon propos, de remarquer que le terme de « visite », dans un contexte de menace terroriste, me paraît inapproprié. Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais, s'il m'arrive d'avoir le plaisir de rendre visite à...
Chers collègues, je voudrais faire quatre observations sur l'article 4. D'abord, celui-ci invente des perquisitions administratives qui ont pour caractéristique de ne plus être administratives : une perquisition qui implique le contrôle d'un juge n'est plus une perquisition administrative ! Le nouvel article L. 229-1 empile tant de conditions juridiques à sa mise en oeuvre, qu'il ne sera, en pratique, jamais utilisé. Si le jeu consiste à rendre encore plus difficile le travail des autorités face aux terroristes, l'objectif ...
...ne permanence vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qu'il est joignable à toute heure, qu'il comprend douze membres et que douze magistrats du siège accompagnent ceux-ci. Nous sommes suffisamment nombreux au sein de cet hémicycle à nous féliciter de son travail pour que l'on ne vienne pas le critiquer en arguant de sa trop grande lenteur. Ce n'est pas le sujet. On a procédé à 4 500 perquisitions administratives dans le cadre de l'état d'urgence ; on a évoqué des saisies d'armes et des gardes à vue. Oui, il y a eu des résultats, mais qui n'ont rien à voir avec le terrorisme – c'est bien là le problème. On a utilisé les moyens de l'état d'urgence pour accélérer un certain nombre d'enquêtes, concernant notamment les stupéfiants, afin d'afficher des résultats chiffrés et dire, suivant en cela la méthode Co...
...t-on par là la difficulté à trouver un équilibre entre les mesures sécuritaires exorbitantes de l'organisation judiciaire et la préservation de la liberté individuelle de domicile. Il ne s'agit pas d'un maintien de l'état d'urgence dans le droit commun ; c'est faux. Il ne s'agit pas non plus d'un retour au droit commun de la perquisition. C'est un entre-deux, qui voit l'émergence de la puissance administrative là où le judiciaire était souverain. Nous allons déposer des amendements, mais aux marges du texte. Comme nous l'avons déjà dit à propos de l'article 3, il nous semble nécessaire, eu égard à ce dispositif exorbitant, de mettre en oeuvre un contrôle parlementaire de même nature que celui que nous avions instauré pour l'état d'urgence. Il ne s'agit pas d'une mesure de méfiance ; il s'agit au contra...
...ulier la multiplication des contrôles : on n'est pas contrôlé autant de fois suivant que l'on est Français ou que l'on est une jeune fille ou un jeune homme issu de l'immigration. Cette multiplication des contrôles crée une relation à l'autorité très particulière et plutôt violente. La situation risque de s'aggraver avec le concept de « visites ». Imaginez-vous, chers collègues, subir une visite administrative ; imaginez vos enfants, qui vont voir la police entrer chez vous, saisir vos ordinateurs et éventuellement vous emmener, sans forcément vous expliquer les choses, en disant : « Si nous sommes là, c'est qu'il y a des raisons ; vous aurez les explications plus tard. » Il s'agirait de « lever le doute » ; mais n'avez-vous pas l'impression que cela va plutôt le semer, le doute, dans la famille, et au...
À la suite de ces milliers de visites administratives qui ne lèvent aucun doute, mais plutôt qui en créent un nouveau, quelle sera la vie de ces jeunes, de ces familles et de leur voisinage ? Quelle sera leur perception de l'autorité et de la police ? Je crains que l'on n'allume une nouvelle mèche, au lieu d'en éteindre. Cet article ne nous convient pas du tout, comme nous l'expliquerons à l'occasion de la défense de nos amendements.
...trats la prennent tout autant que nous. Quand ils publient ce genre de communiqué, c'est qu'il y a un problème grave et sérieux, dont on devrait tenir compte. S'agissant plus particulièrement du présent article, comme mes collègues l'ont indiqué, il s'agit d'une stratégie d'enrobement, ce que montre bien l'utilisation de l'expression « visites et saisies », qui fait un mélange entre deux notions administratives très différentes. Il y a là une série de fragilités juridiques et, surtout, rien qui fasse progresser la prévention. Il existe déjà dans notre arsenal juridique certaines possibilités, mais au plan judiciaire. C'est pourquoi nous demandons la suppression de cet article, qui ne permettra pas de prévenir les actes de terrorisme.
Défavorable. Le même débat revient sur chaque article : une fois encore, on est dans la caricature. Je ne reviendrai pas sur le fond, mais le fait est que l'article n'est en rien un décalque de la perquisition administrative prévue dans le cadre de l'état d'urgence. Contrairement à ce qui a été dit, de vraies garanties sont apportées, notamment à travers l'intervention du juge judiciaire, en l'espèce le JLD. Nous reviendrons sur ce point, mais je ne puis laisser dire que le JLD, qui intervient notamment pour décider de la détention provisoire de beaucoup de personnes, n'a aucun pouvoir. Si vous aviez assisté aux aud...
...parlons, celui des perquisitions, des visites domiciliaires et des saisies en matière de terrorisme. Il va de soi que, lorsque le JLD est saisi par un juge – par exemple dans le cadre d'une détention provisoire – , il dispose d'un dossier contenant tous les éléments qui lui permettent de statuer. Ce n'est pas le cas ici, je le répète, puisque le fait générateur de la décision vient de l'autorité administrative, en l'occurrence du préfet, qui ne fournit qu'une note blanche. Le contrôle est donc bel et bien similaire à celui opéré a posteriori par le juge administratif dans le cadre de l'état d'urgence. L'autorisation a priori est certes une avancée : comme on dit, c'est mieux que si c'était pire… Mais auprès de quel juge contester la décision de visite et de saisie ? C'est là toute la difficulté.
...ncs du groupe Les Républicains, nous ne vous faisons aucun procès d'intention. Nous savons que vous souhaitez, comme nous, protéger les Français. Mais si je veux présenter cet amendement avec une certaine solennité, c'est parce qu'il est au coeur du désaccord technique que nous avons avec vous. Avec le présent amendement, nous vous proposons de maintenir pendant un an le régime des perquisitions administratives réalisées depuis deux ans sous l'empire de l'état d'urgence ; ou plutôt devrais-je dire : « réalisées pour l'essentiel depuis deux ans », car, au printemps de 2016, le choix avait été fait, lors d'une phase de prolongation de l'état d'urgence, de ne pas les maintenir. Nous avions eu, alors, un débat raisonnable et responsable avec le Gouvernement sur ce point. Le 14 juillet 2016, jour des atten...
Or le dispositif alternatif que vous proposez, madame la ministre, ne nous convainc pas, car il n'est plus assimilable à une perquisition administrative. Il s'agit en réalité d'une visite, certes à l'initiative des préfets, mais soumise à l'autorisation d'un juge, ce qui est très différent. Surtout, cette procédure ne permet pas la rapidité d'initiative qui est celle du régime de perquisition administrative, et de lui seul.
La commission a donné un avis défavorable à ces amendements. Pour le premier, il s'agit d'un débat que nous avons déjà eu, ici et en commission. C'est un point qui nous sépare : nous faisons le choix de sortir – de façon maîtrisée – de l'état d'urgence, en adaptant au droit commun certains outils de l'état d'urgence, notamment les perquisitions administratives. M. Larrivé considère que la nouvelle mesure de perquisition administrative, la visite domiciliaire, est difficilement opérationnelle. Ce n'est pas ce qui ressort de nos auditions durant lesquelles, je le rappelle, nous avons entendu le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris, le directeur général de la sécurité intérieure – DGSI – , des policiers, des gendarmes....
À mon grand regret, Mme la ministre a mal lu l'amendement que nous proposons. Nous ne visons pas à introduire un article de droit commun, mais à pérenniser l'état d'urgence pour une durée de un an s'agissant de la mesure ponctuelle de perquisition administrative. Notre amendement a précisément pour objet de proroger l'état d'urgence. Ne venez donc pas nous dire que ce que nous proposons ne pourrait être fait que sous le régime de l'état d'urgence : c'est ce que nous vous disons ! Par ailleurs, madame la ministre, je le dis avec une certaine tristesse, je vous trouve extrêmement péremptoire. J'espère me tromper et que votre dispositif sera totalement opé...
Le Gouvernement a fait le choix de sortir de l'état d'urgence. Nous pouvons en débattre – nous le faisons – , mais c'est un choix qui a été fait et qui tient compte de l'avis d'autorités administratives, notamment du Conseil constitutionnel. Il comprend un codicille important, rappelé précédemment par M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur. Nous devons en parler, car cela n'a pas été suffisamment fait, alors que l'opinion doit l'avoir à l'esprit : à tout instant, face à une menace, face à des actes terroristes, surtout, le Président de la République, le Gouvernement peuvent être amenés ...
… mais je constate qu'il avait choisi de voter ainsi. Cela ne fait pas de lui, aujourd'hui, un irresponsable ; reste qu'il y a bien une vérité des votes. Et ce sera également le cas, par le scrutin public, sur le présent amendement relatif aux perquisitions administratives. Que chacun prenne ses responsabilités.
Dans le même esprit que le précédent amendement de mon groupe, cet amendement propose de revenir aux fondamentaux qui avaient présidé à l'instauration de l'état d'urgence et à la mise en oeuvre de l'une de ses mesures les plus efficaces : la perquisition administrative. Il y a eu 4 534 perquisitions administratives dans le cadre desquelles 600 armes ont été saisies, dont 78 armes de guerre, ce qui a permis l'ouverture de 30 procédures judiciaires. C'est-à-dire que 30 personnes au moins ont été mises en cause par la justice parce qu'elles représentaient un risque majeur pour la sécurité nationale, relevant du terrorisme islamiste. Le bilan, le voilà ! Le Premi...