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Enfin, monsieur le Premier ministre, je veux insister sur l'importance de favoriser l'intégration…
Le débat que nous ouvrons aujourd'hui ne prendra pleinement son sens que s'il ouvre la voie à une refondation de la politique migratoire et de la politique d'intégration, en France et en Europe. Ce débat n'est pas seulement inédit par sa forme, appelée à devenir un rituel. Il n'est pas uniquement la réalisation de la promesse faite par le Président de la République à l'issue du grand débat national. Il n'est surtout pas un débat pour tout dire et ne rien décider.
C'est un débat pour tout repenser ; avec lucidité, avec audace, avec courage. Les Français exigent aujourd'hui un changement radical de logiciel. Nous n'avons pas le droit de les décevoir, sans quoi notre démocratie court le risque d'une désintégration sur laquelle les extrémistes misent depuis des lustres pour faire prospérer leurs funestes projets. La lucidité, tout d'abord, nous conduit à admettre que nous sommes aujourd'hui dans une sorte d'impasse qui ne fait que des perdants. Nos principes inconditionnels, et qui doivent le rester, de respect de la dignité humaine sont mis à mal, et l'efficacité de notre politique de régulation est légit...
… par exemple en matière d'hébergement ou d'intégration. Toutefois, chacun sent bien que ces progrès sont trop lents et les obstacles trop nombreux. Tous les experts le prédisent : les défis que nous devons relever sont en perpétuelle mutation, sous la quadruple influence des migrations politiques, démographiques, économiques et climatiques. Notre manière d'y répondre est aujourd'hui déphasée par rapport à ces enjeux, à leur complexité et à leur imbr...
...intégrant mieux, en métropole comme outre-mer. Donnons-nous aussi les moyens de repenser notre politique en matière d'immigration économique. Posons-nous enfin la question de l'aide publique au développement. Une aide ne saurait se réduire à un chiffre, et un chiffre ne fait pas une politique. Mes chers collègues, je veux croire que ce débat permettra de donner à notre politique migratoire et d'intégration le nouvel élan que nos concitoyens attendent. Nous abandonnons bien volontiers les étendards de l'hystérie et de la stigmatisation aux partisans de la division nationale, aux obsédés de l'insécurité culturelle, aux fabricants de fantasmes. Aux discours de défiance, imposons un programme de raison et de cohésion.
Ce nouveau dispositif fonctionnera si nous conduisons une action déterminée pour faciliter la reconnaissance des diplômes étrangers, garantir la portabilité des droits sociaux, valider les acquis et adapter les formations, et si nous concevons une politique d'intégration qui marche. En effet, s'il est juste de dire que la participation de tous à la société qui les accueille exige de chacun le respect de nos valeurs fondamentales, il est juste aussi de dire que la politique publique française d'intégration ne fonctionne pas. C'est bien l'ensemble des parcours d'intégration – langue, logement, travail – qu'il faut repenser. Là aussi, il y a urgence. Enfin, troisiè...
...t sans la moindre prise de décision concrète, nous pouvons légitimement nous interroger sur la finalité de cette initiative, qui nous écarte des priorités exprimées par nos concitoyens – c'est le cas du devenir des retraites ou du pouvoir d'achat. Pire encore pour la majorité, cette déclaration met en évidence les limites de la loi pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie : débattue l'an dernier et déjà caduque, elle a simplement fragilisé un peu plus l'accueil, sans apporter de réponse aux problèmes rencontrés sur le terrain. La question migratoire mérite d'être débattue avec sérieux et dignité : avec sérieux, car nos déclarations engageant l'opinion ne peuvent se fonder sur des éléments d'exagération, des préjugés ou des obsessions ; avec dignité, car c...
...fait mépris du danger » : tel est le texte de la citation qui figure sur le carnet militaire de mon grand-père, migrant italien inassimilable. Lorrain, j'ai connu des histoires similaires sur les Portugais, sur les Espagnols, puis sur les Yougoslaves venus travailler dans nos mines de fer et de charbon. Avec les Maghrébins, et les Africains en général, on a entretenu cette logique malsaine de non-intégration en reproduisant les mêmes clichés et en y ajoutant – pour bien enraciner les défiances – les différences de religion et en faisant des amalgames troublants entre l'intégrisme radical et les migrations. Nous avons laissé le racisme prospérer et nous avons été gangrenés par le refus de l'étranger. Grandes gueules, idées courtes : plutôt que d'incarner notre héritage républicain, notre culture et n...
...nduites effectives aux frontières lorsque vous étiez au pouvoir ? Toujours les mêmes discours, mais aussi toujours les mêmes échecs. Alors, au moment de mener ce débat, je le dis clairement : cette majorité peut regarder les Français en face. Car, depuis deux ans, sans tomber dans la guerre de tranchées, elle a agi : nous avons augmenté de 50 % le budget consacré à l'asile, à l'immigration et à l'intégration.
Nous avons consacré plus de moyens que jamais à l'intégration en doublant par exemple – cela a été rappelé – le nombre d'heures de cours de français. Nous avons commencé à reconduire davantage, en étant plus fermes sur la question des laissez-passer consulaires.
L'assimilation et l'intégration sont en panne : 43 % des immigrés d'âge actif se trouvent sans emploi. Le communautarisme gagne chaque jour du terrain et des campements s'installent au coeur de Paris.
...lière vivant sur notre territoire. C'est là que réside toute la complexité de la lutte contre l'immigration irrégulière. Comment appréhender un phénomène que nous ne parvenons pas à quantifier ? Comment lutter efficacement contre une immigration irrégulière dont une partie des acteurs n'est pas identifiable ni localisable ? La loi pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie a sécurisé l'obligation pour les étrangers de quitter le territoire français après le rejet d'une demande d'asile, et a accentué le contrôle sur les personnes visées par cette procédure. La durée de la rétention administrative a été doublée pour passer de 45 à 90 jours maximum, permettant ainsi à l'administration d'organiser l'éloignement en obtenant un laissez-passer consulaire. Depuis l...
... ensemble ? Je mettrai l'accent sur les territoires d'outre-mer. Ces derniers représentent un cas intéressant en matière migratoire. Ils sont historiquement des terres de migrations issues d'Europe, d'Asie, des Caraïbes, du Moyen-Orient, qu'il s'agisse de demandeurs d'asile ou d'immigrants économiques. Il en résulte, pour la plupart de ces territoires, des populations métissées et des exemples d'intégration réussie avec une coexistence pacifique des différentes communautés. Or nous observons de plus en plus de phénomènes d'exaspération de la part des populations de certains de ces territoires face à la pression migratoire. Même si l'immigration irrégulière ne concerne objectivement que quelques territoires, Mayotte, la Guyane et, dans une moindre mesure, Saint-Martin, il existe une préoccupation à ...
...une enveloppe de la France de 150 millions d'euros sur trois ans, soit de 2019 à 2021. Les priorités ciblées sont la formation et l'insertion socioprofessionnelle des jeunes, l'agriculture et la coopération sanitaire. Au-delà de la coopération bilatérale France-Comores, la coopération régionale doit également être renforcée. Mayotte, dernier département français en date, a besoin d'une meilleure intégration dans son environnement régional. À ce propos, monsieur le Premier ministre, à quand l'insertion de Mayotte au sein de la Commission de l'Océan indien, la COI ? Cette organisation doit prochainement renouveler son exécutif et c'est à la France de désigner un nouveau secrétaire général. En Guyane, il existe deux commissions mixtes de coopération transfrontalière en matière policière et douanière. ...
La France est confrontée à un nouveau défi migratoire et ce n'est pas avec une succession de discours que nous y ferons face. L'heure doit être au bilan, plus d'un an après la promulgation de la loi pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie, votée ici même sans que la majorité ait tenu compte d'une seule des propositions des députés du groupe Les Républicains. Jusqu'à présent, le chef de l'État nous expliquait qu'il n'y avait pas de crise migratoire ; il s'est même prononcé en faveur de l'élargissement de l'Union européenne aux pays des Balkans et en faveur de l'entrée la plus rapide possible de la Roumanie dans l'espace Sc...
Il serait faux et irresponsable de nier qu'il existe des difficultés, liées notamment à l'absence de règles communes pour l'asile en Europe, mais aussi au manque de mixité dans certains quartiers, en raison d'erreurs majeures commises en matière d'urbanisme par le passé. Aucune n'est cependant insurmontable et, aujourd'hui, la principale question est bien celle de l'intégration.
Le ministre de l'intérieur, Christophe Castaner, l'a dit, il faut acter le fait que notre modèle a échoué. C'est pour cela que, lorsque son prédécesseur m'avait proposé une mission pour refondre la politique d'intégration, j'ai immédiatement accepté. Car le débat ne porte pas tant sur la question de savoir qui voudrait ou non s'intégrer – il s'agit là d'une posture bien commode pour dédouaner de toute responsabilité ceux qui préfèrent désigner les « bons » et les « mauvais » étrangers. Le débat porte sur la définition d'un objectif et sur les moyens que l'on se donne pour l'atteindre en en faisant un enjeu qui mob...
Comme cela a été rappelé, ce choix a permis de doubler et parfois même de tripler les cours de français proposés aux étrangers qui viennent d'arriver, de financer de la formation civique et professionnelle et de créer une délégation interministérielle pour l'intégration des réfugiés. C'est un changement de paradigme majeur, puisque le précédent gouvernement avait été jusqu'à faire disparaître le mot « intégration » des politiques publiques, niant ainsi le besoin d'accompagnement et d'orientation de ceux qui arrivent sur notre territoire.
...ffaires étrangères et la ministre des solidarités et de la santé soient aujourd'hui présents pour participer à notre débat, en même temps que le ministre de l'intérieur, est donc une excellente chose. Je préconisais, en conclusion du rapport que j'ai remis au Premier ministre, l'an passé, la création d'un établissement public spécifique, qui rassemblerait tous les services compétents en matière d'intégration, au sein duquel siégeraient les collectivités locales, les partenaires sociaux et des chercheurs spécialistes du sujet afin de faire sauter tous les verrous qui continuent d'entraver la politique d'intégration. Cette proposition me semble plus que jamais d'actualité. Dans ce domaine plus que dans tout autre, une véritable transversalité est en effet la condition de l'efficacité, et si l'ordre pu...
... Gabriel Attal et l'Agence du service civique, pour que, chaque année, 5 000 réfugiés puissent y accéder. C'est un bel effort qu'il faut prolonger, car les réfugiés sont nombreux à s'engager dans des associations – ils veulent rendre à la France ce qu'elle leur a donné. Grâce à l'adoption de l'un de mes amendements au projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie, devenu la loi du 18 septembre 2018, les demandeurs d'asile peuvent désormais travailler six mois après le dépôt de leur demande, contre neuf auparavant. Faisons le bilan de cette mesure, et voyons s'il n'est pas possible de réduire encore ce délai ! Les demandeurs d'asile sont aujourd'hui contraints de vivre plusieurs mois, parfois des années, dans des centres d'accueil dans lesquels ils...