Les amendements de François Ruffin pour ce dossier
10 interventions trouvées.
« La semaine dernière, j'ai encore cueilli des mirabelles, ici, et le samedi nous avons vendu ces fruits sur le marché de Strasbourg. » C'est Philippe, un agriculteur, qui me racontait cela sur une colline de Kolbsheim, en Alsace. Mais derrière lui, on ne voyait plus de mirabelliers ni de cerisiers ; juste des arbres coupés, des souches arraché...
Dans le TGV, au retour de Strasbourg, je me suis souvenu d'un mythe antique, celui d'Érysichthon. Je ne sais pas si vous le connaissez, monsieur le ministre : c'était un roi grec, en Thessalie. Les habitants avaient consacré une forêt à Déméter, la déesse des moissons, avec au milieu, un chêne magnifique. Les nymphes, les dryades dansaient à l'...
C'est une saignée ! C'est du blé en moins pour demain, c'est notre pays qui, Érysichthon géant, se dévore. Le capital est devenu cela : un Érysichthon mondial, camé, dopé, insatiable, saisi de folie, de l'Amazonie à l'Indonésie, qui dévore ses deux, trois, quatre planètes. Nous brûlons la terre, nous consumons l'avenir.
Dans votre grande loi sur l'agriculture, il n'y a pas un mot là-dessus, pas une ligne : rien sur la saignée, rien sur le foncier, rien sur le bétonnage, rien sur la façon de l'endiguer, rien sur la manière de stopper les Érysichthon d'aujourd'hui, rien pour que la loi soit du côté des serfs, du côté de Déméter, du côté de Martine Wonner, du côt...
Monsieur le ministre, un spectre hante cette assemblée – du moins, je l'espère – , celui de l'effondrement écologique, celui d'un désastre non réversible. Mon premier engagement est plutôt tourné vers l'exigence d'égalité. Comme je l'explique toujours, en matière sociale, il y a des cycles : nous sommes dans un mauvais cycle depuis trente ans m...
Il y a un mot que j'aime bien : le scrupule. Scrupulus, en latin, désigne le petit caillou que l'on a dans la chaussure. Nicolas Hulot est aujourd'hui un gros caillou dans notre conscience, dans la vôtre aussi, concernant le contenu de ce projet de loi. Cela fait un peu du banc des ministres un banc des accusés.
À la radio, Nicolas Hulot s'exprimait ainsi : « Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à [arrêter] l'artificialisation des sols ? La réponse est non. [... ] Je n'ai pas r...
Monsieur le ministre, il est une gravure de la Révolution que nous connaissons tous : c'est une caricature représentant les trois ordres sous les traits d'un paysan courbé, écrasé, portant sur son dos la noblesse en bottines et le clergé en habit de soie. Épuisé, le paysan s'exclame : « Il faut espérer que ce jeu-là finira bientôt. » Les chose...
Monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, vous avez raté une belle occasion d'assurer un revenu aux agriculteurs. Les 35 000 heures de discussions avaient pourtant produit des effets : mis autour de la table, industriels et distributeurs étaient ramollis. Les états généraux les avaient conduits sur un autre terrain que la seule préoccupatio...
Vous ratez l'occasion, monsieur le ministre, de laisser votre nom à une belle loi. L'histoire ne retiendra pas la loi Travert, ce sera juste une loi de travers, une de plus, une loi molle, une loi creuse. Et sur ses épaules, après vous, après nos débats ici, je le crains, je le redoute, le paysan continuera de porter l'aristocratie de la grande...