Il y a urgence. Notre planète se réchauffe, la biodiversité s'érode et, partout, la pollution prend le pas sur le vivant. Sommes-nous à l'aube d'un moment historique, ou non ? Soyons clairs : les trois semaines à venir sont notre dernière occasion de faire progresser l'écologie, en rehaussant nos ambitions en matière de lutte contre le changement climatique, de préservation de la biodiversité et de renforcement de notre résilience. Comment se souviendra-t-on de nous ? Comme de ceux qui ont osé ? En assumant pleinement les pouvoirs confiés par les citoyens et en refusant de nous soumettre aux injonctions et de nous contenter de déclarations de bonnes intentions, redonnons de la splendeur au pouvoir législatif que nous incarnons. Serons-nous de ceux qui se résignent à de belles paroles, ou de ceux qui agissent ? De ceux qui redonnent espoir en la parole des élus, ou de ceux qui déçoivent encore et creusent un peu plus le fossé qui sépare les élus et les citoyens ? Pourrons-nous dire à nos enfants que nous avons fait de notre mieux pour eux et pour leur avenir ?
Aujourd'hui, nous avons, avec ce texte, le pouvoir de porter au moins les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, mais le mieux ne serait-il pas d'aller encore plus loin et d'être encore plus exigeants ? De sécheresses en inondations, tempêtes et épisodes climatiques extrêmes, les Français constatent jour après jour l'ampleur du dérèglement climatique et, demain, même les plus sceptiques demanderont des comptes. Hier, à Hazebrouck, à Lille et partout en France, jeunes et moins jeunes marchaient pour le climat, pour nous demander d'agir et de ne plus reculer. Le projet de loi climat et résilience devait porter cette ambition : réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 40 % d'ici à 2030, afin de garder notre planète habitable. L'ambition est louable, mais je doute que les mesures soient à la hauteur.
Les différentes études d'impact sur la politique environnementale du Gouvernement ne sont pas de nature à rassurer. Le Haut Conseil pour le climat estime en effet que si le texte est adopté en l'état, nous accomplirons seulement la moitié des efforts nécessaires. Les membres de la Convention citoyenne, évidemment déçus, se sont également montrés critiques. Avec une note générale de 3,3 sur 10, ça sent le recalage, que ce soit en juin ou à l'automne.
Alors, parcourons ensemble le chemin qu'il reste à parcourir dans les mesures prévues, en cultivant la bienveillance et l'écoute, et non le mépris, l'arrogance et l'autosatisfaction, comme cela a parfois été le cas cet après-midi. Nous ressortons, pour beaucoup d'entre nous, échaudés de l'examen du texte en commission spéciale.