… sans être toujours entendue – elle a même parfois été moquée ou regardée de haut. Je me réjouis donc aujourd'hui que notre assemblée ait à se prononcer sur un texte qui, s'il ne peut prétendre relever à lui seul le défi du siècle, apporte son lot d'avancées non négligeables et parfois capitales.
Il y a, bien sûr, des ambitions contrariées, des lenteurs, des manques, mais je crois que nous pouvons encore élaborer une vraie loi sur le climat. La représentation nationale doit contribuer à rehausser le niveau d'ambition et la portée de ce projet de loi qui, en l'état, va déjà changer une partie du quotidien de nos concitoyens.
Il contient de nombreuses mesures dont je me félicite, parmi lesquelles la création d'une étiquette climat, la régulation de la publicité des énergies fossiles, l'interdiction de la vente des véhicules les plus polluants en 2030, l'interdiction des vols intérieurs quand une solution ferroviaire alternative de moins de deux heures trente existe, les objectifs en matière de réduction de l'artificialisation des sols ou encore l'interdiction de louer des passoires thermiques. Je partage pleinement ces orientations et je salue le travail mené par nos collègues rapporteurs.
Si le cap est bon, le rythme, lui, ne l'est pas toujours ; sur plusieurs sujets, je crois nécessaire d'aller plus vite, plus loin. C'est le sens de plusieurs des amendements que j'ai déposés afin, par exemple, d'élargir la régulation de la publicité des énergies fossiles aux produits très polluants pour lutter contre le greenwashing, de rendre obligatoire la mise en place d'un choix de menus végétariens dans les cantines publiques, de protéger les arbres remarquables ou bien encore de développer des mobilités plus durables, comme le vélo.
Je souhaiterais aujourd'hui insister sur plusieurs sujets. Le premier est relatif aux grands projets d'aménagement du territoire. L'abandon de projets comme celui d'EuropaCity, dans le Val-d'Oise, est légitime : construire des mégacentres commerciaux sur des terres agricoles est un non-sens écologique, un non-sens historique.
Si nos territoires méritent d'être développés, le développement économique n'excuse pas tout. À Argenteuil, dans ma circonscription, je voudrais ainsi saluer la mobilisation des citoyens et des associations qui militent depuis des années pour l'arrêt du projet Cap Héloïse, qui aurait pour conséquence la destruction d'une salle municipale, chère aux Argenteuillais, et la bétonisation de l'île Héloïse. Cet espace naturel à protéger, en zone inondable, fait partie de notre patrimoine culturel, il a été peint naguère par Monet et abrite aujourd'hui des arbres remarquables et centenaires, qui doivent être protégés ; autant de raisons qui devraient suffire à justifier que ce projet de mégacomplexe soit implanté ailleurs. Des friches industrielles existent, commençons par les occuper avant de défigurer le peu de nature qu'il nous reste.
La crise que nous traversons doit nous conduire à nous réinterroger sur les modèles de développement de demain, et ce projet de loi doit nous permettre d'entériner le fait que ce type de projet n'appartient plus à notre époque – c'est le sens de plusieurs des amendements que je défendrai dans les jours prochains.