Entamer un débat sur le projet de loi climat et résilience dans le contexte de crise actuel devrait constituer une source d'espoir, tant cela devrait ouvrir des perspectives et nous permettre de nous projeter dans l'avenir et dans l'action, vers un horizon positif qui nous permette d'agir pour la planète, un horizon offensif qui nous permette de reprendre la main sur notre destin.
Voilà ce que j'attendais de la démarche que vous avez engagée, voilà ce que j'attendais eu égard à l'incroyable investissement des 150 citoyens et citoyennes qui ont participé à la Convention citoyenne pour le climat. Les attentes étaient élevées ; la déception n'en est que plus grande. Sur les soixante-neuf articles du projet de loi déposé à l'Assemblée nationale, peu sont susceptibles d'avoir un effet concret et immédiat sur le climat. Surtout, aucun article ne présente une vision d'ensemble assortie d'objectifs à atteindre. Prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette n'est pas motivant et encore moins efficace.
Où en sommes-nous des objectifs de la stratégie Europe 2020, déployée pour la décennie 2010 ? Elle comporte cinq piliers, dont un est relatif au développement durable. Puisque l'année 2020 est terminée, il aurait été pertinent de nous présenter un bilan, madame la ministre. Nous n'avons atteint aucun indicateur de développement durable ! S'agissant de l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui devaient baisser de 20 % par rapport à 1990, douze pays sur les vingt-sept membres de l'UE l'ont atteint, mais pas la France. À titre de comparaison, les données fournies par Eurostat montrent que les émissions de gaz à effet de serre de la France représentent 83 % de leur niveau de 1990, quand ce taux est tombé à 70 % en Allemagne.
La France accuse le même retard dans les énergies renouvelables, leur part dans la consommation d'énergie ne représentant que 17 % : ce taux place notre pays dans le dernier tiers des pays de l'UE.