Ma question s'adressait à l'origine à M. Blanquer, qui est absent, mais votre réponse, monsieur Castex, me conviendra très bien. Je suis allé remercier hier les soignants de l'hôpital Bichat, limitrophe de la Seine-Saint-Denis, qui sont en pointe sur le traitement du covid-19. Les professeurs m'y ont raconté à quel point l'hôpital approche de la saturation. Aujourd'hui en effet, plus aucune région ne peut envoyer de personnel. Les opérations les plus graves ne peuvent plus être déprogrammées. Or les prévisions de l'agence régionale de santé – ARS – montrent une ascension vertigineuse du nombre de patients en réanimation dans les prochaines semaines. Comme les médecins de l'AP-HP – Assistance publique - Hôpitaux de Paris – qui nous ont avertis dans une tribune, ceux de Bichat m'ont indiqué que si rien n'était fait, le tri entre malades serait inévitable.
Tout cela était prévisible, car tout était annoncé depuis janvier. J'accuse l'exécutif de n'avoir rien fait, rien anticipé, et donc d'être responsable. Nous vous avons proposé des solutions que vous avez toutes balayées d'un revers de main. L'organisation de la société en roulements proposée par Jean-Luc Mélenchon, avec un dédoublement de toutes les classes ? Vous ne l'avez pas fait. Des conditions matérielles permettant l'isolement des malades ? Vous ne l'avez pas fait. Des lits et des personnels supplémentaires dans les hôpitaux ? Vous ne l'avez pas fait. Des vaccins produits en nombre sous licence publique ? Vous ne l'avez pas fait. Partout, nous en sommes réduits à des mesures d'urgence, d'autant plus dans les départements comme la Seine-Saint-Denis où les inégalités provoquent une explosion de l'épidémie.
Votre échec commence dans les écoles. Celles-ci sont des foyers infectieux, comme le démontre l'exemple du lycée Eugène Delacroix à Drancy où, depuis février, on a comptabilisé cinquante-quatre enfants et vingt enseignants contaminés. Or vous n'avez établi aucun protocole sérieux. Il a fallu des grèves pour vous forcer à de maigres progrès. Pire, vous osez menacer de sanctions les enseignants qui veulent exercer leur droit de retrait. Nous réclamons que vous vous débrouilliez, soit pour assurer des cours en demi-groupes dans toutes les écoles, soit pour fermer celles-ci dans les zones de plus forte tension, avec une prise en charge intégrale du revenu de l'un des deux parents. Dédoubler ou fermer : quand allez-vous vraiment agir ?