Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, l'université des Antilles connaît de la part des enseignants, des étudiants et des personnels administratifs un mouvement de contestation qui dure depuis plus d'un mois. Des problèmes structurels de gestion, des cas de souffrance au travail, dont le dernier en date, relayé par les médias locaux, concerne le dépôt de plainte d'un professeur pour harcèlement moral, en sont les principales raisons.
Cette situation aurait pu être évitée si, en votre qualité de ministre, vous aviez donné suite aux rapports des missions du Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur de mai 2016, de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche de mai 2019, qui confirmait les inquiétudes du Haut Conseil, et de la mission d'évaluation de la loi du 25 juin 2015 portant transformation de l'université des Antilles et de la Guyane en université des Antilles, dont le rapport a été adopté par la commission des affaires culturelles et de l'éducation et transmis à votre ministère il y a plus d'un an.
Ces trois rapports tiraient la sonnette d'alarme quant à la nécessité de garantir l'équilibre entre l'unité de l'université et l'autonomie de ses pôles, d'apaiser le débat sur la répartition des moyens et d'assurer un rééquilibrage administratif entre les pôles, de consolider et d'organiser les procédures et les fonctions support avec un suivi du ministère, de limiter la duplication des formations, enfin de clarifier les textes pour sortir de l'impasse juridique.
À ce jour, vous n'avez fait aucun retour quant aux recommandations de ces trois rapports et vous avez laissé pourrir la situation. Les acteurs du monde universitaire des Antilles sont convaincus qu'ils ne font aucunement partie des priorités de votre ministère et qu'ils sont les sacrifiés de la nation. Ils attendent de vous des engagements, avant une explosion qui déboucherait sur une rupture fatale.