Monsieur Le Fur, votre motivation me réjouit, bien entendu.
J'ai parlé du breton, mais sa situation est à l'image de celle de l'ensemble des langues régionales à l'échelle nationale : 120 000 élèves suivent un enseignement en la matière. Dans le premier degré, 2 932 postes de professeurs des écoles chargés d'un enseignement de langue régionale ont été ouverts entre 2002 et 2019. Dans le second degré, 602 professeurs prodiguent chaque jour dans leur classe un enseignement de langue régionale, dont 540 titulaires d'un CAPES – certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré – de langue régionale – basque, breton, catalan, corse, créole, occitan-langue d'oc – , et quinze titulaires de la toute récente agrégation de langues de France, ouverte à la session 2018. Je le répète donc très clairement : notre réalité éducative fait toute sa place aux langues régionales, et ce depuis de nombreuses années. C'est là une des lignes de force que nous souhaiterions voir davantage partagée par les différentes législatures.
Cette réalité éducative se fonde sur la Constitution, plus précisément sur son article 75-1 qui a, en 2008, inscrit les langues régionales au sein du patrimoine de la France. Elle puise ensuite sa source dans le code de l'éducation, notamment dans son article L. 312-10 qui stipule : « Les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé prioritairement dans les régions où elles sont en usage. Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité selon les modalités définies par voie de convention entre l'État et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage. [… ] L'enseignement facultatif de la langue et culture régionales est proposé dans l'une des deux formes suivantes : un enseignement de la langue et de la culture régionales ; un enseignement bilingue en langue française et en langue régionale. »
En substance, que nous disent ces textes ? D'abord, que de guerre territoriale et linguistique, il n'y a plus ; que la France a trouvé le juste équilibre entre le pays et la nation ; que chacun de nous construit son identité en s'enrichissant des différents liens qu'il noue avec les cultures et avec les traditions qui l'environnent et l'inspirent, et dont il hérite ou se saisit. C'est ce qu'a indiqué le Président de la République à Quimper, dans son discours du 21 juin 2018 : il a vu, dans les drapeaux bretons et les drapeaux français qui se côtoyaient, « le signe de fiertés qui s'additionnent ».