… qui pourront aussi passer une partie de leur oral en langue régionale. C'est d'ailleurs, je le note au passage, encore un progrès pour les langues régionales.
C'est là encore l'expression d'une pleine reconnaissance, qu'il convient, dans une exigence d'équilibre, de concilier avec le souci de préserver le cadre national attendu pour l'examen, qui est la garantie de sa valeur. C'est avec ce double souci de reconnaissance et d'équilibre que j'ai répondu favorablement à la demande d'une révision de la nouvelle maquette du futur CAPES de corse pour la session de 2022. La solution trouvée élève le coefficient dévolu à la langue corse à 8 sur un coefficient total de 12. Il comportera une épreuve écrite disciplinaire appliquée, qui comportera pour moitié une expression écrite en corse et une épreuve de leçon, première épreuve orale d'admission créditée d'un coefficient 5, qui sera entièrement présentée en langue corse et non plus pour moitié seulement. Ce seront ainsi les trois épreuves disciplinaires du nouveau CAPES qui mobiliseront la langue corse comme langue lue, écrite et parlée. J'ai tenu à reconnaître de cette façon la situation toute particulière de ce CAPES monovalent dont nous célébrons cette année les trente ans d'existence.
Cette attention aux situations spécifiques rejoint un troisième principe : il suppose une attention fine et éclairée aux enjeux des enseignements et aux possibilités de parcours offertes aux élèves au plus près des territoires éducatifs. C'est pourquoi la carte des enseignements de langues régionales ne saurait être établie simplement depuis Paris. Elle doit au contraire se fonder sur un examen fin de la demande et de l'offre, s'enrichir de l'étude des possibilités, notamment en ressources humaines, et des opportunités. C'est pourquoi elle doit aussi être conduite en concertation avec les acteurs et les défenseurs des langues régionales qui siègent dans les conseils académiques des langues régionales et font vivre ces langues au sein des offices publics des langues régionales. Ce sont cet esprit et cette dynamique de concertation qui réunissent les différents acteurs éducatifs de votre région, la Bretagne, monsieur le rapporteur, et le président du conseil régional l'a lui-même reconnu dans un courrier qu'il m'a adressé le 10 mars dernier.
Pour définir cette carte, il ne s'agit pas d'adopter une logique quantitative forcenée, au risque de développer des sections qui ne rencontreraient pas leur public. Je rappelle aussi que nous sommes tenus au bon usage des deniers de nos concitoyens : la pente nous conduit parfois à consacrer une part importante de l'argent public aux langues régionales avec des taux d'encadrement plus favorables pour les élèves concernés. Nous devons être aussi attentifs à l'équité.
C'est pourquoi l'article 3 de cette proposition de loi, qui, comportant à mes yeux un certain flou, entend proposer l'enseignement de la langue régionale à tous les élèves, peut mener potentiellement à le proposer à ceux qui n'en voudraient pas et me semble devoir être revu pour clarifier le cadre de l'offre d'enseignement et intégrer cette exigence de parcours. Nos débats éclaireront cette question.
Pour définir cette carte, il ne s'agit pas non plus de proposer une offre fondée sur une concurrence faussée, comme celle d'un forfait scolaire versé à toute commune dont une école privée proposerait un enseignement de langue régionale.
Vous avez, en commission, supprimé l'article 2 quinquies dont les conséquences auraient pu être multiples, tant sur la mise en cause d'un cadre législatif récemment encore arbitré que sur les budgets communaux concernés et sur la carte scolaire. Cette décision pleine de prudence me semble bienvenue. Plutôt que des actions d'éclat, l'enseignement des langues régionales requiert de la minutie et une attention constante aux besoins des élèves. Nous pouvons être lucides et exigeants pour nous attacher à déployer des parcours cohérents pour les élèves : misons donc sur le qualitatif.
C'est précisément ce à quoi nous nous sommes attachés en proposant une diversité de parcours en langue régionale possible au sein du nouveau lycée général et technologique. Dans ce nouveau lycée issu de la réforme, un élève peut choisir de suivre un enseignement de langues et cultures régionales, soit comme langue vivante B avec un coefficient plus important qu'avant notre réforme, 6 sur 600 contre 2 sur 40 auparavant – c'est le cas pour 4 367 élèves – , soit comme langue vivante C, dans le cadre d'un enseignement optionnel – c'est le cas pour 3 389 élèves – , soit comme enseignement de spécialité dans le cycle terminal, avec des programmes riches et ambitieux adossés à des coefficients importants, 16 sur 100 du baccalauréat : 227 élèves de première et 207 élèves de terminale sont concernés – leur nombre est destiné à croître.
Nous avons donc multiplié les possibilités d'apprendre une langue régionale au lycée en maintenant les mêmes volumes horaires pour l'offre existante et surtout en proposant, avec les nouveaux enseignements de spécialité, des horaires importants qui permettent aux élèves de découvrir de manière approfondie les caractéristiques tant des langues que des cultures régionales.
J'ai entendu les critiques sur les difficultés que rencontreraient certains lycéens à suivre un enseignement en langue régionale.
Le 13/04/2021 à 14:46, Laïc1 a dit :
C'est mission impossible.
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