Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du jeudi 8 avril 2021 à 9h00
Protection patrimoniale et promotion des langues régionales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

En cet instant, ici, la meilleure chose à faire est d'adopter conforme la proposition de loi qui nous est soumise à l'initiative de notre collègue breton Paul Molac et du groupe Libertés et territoires. Ce texte vise à rehausser la protection, l'accessibilité et la visibilité des langues régionales dans trois domaines : celui du patrimoine, tout d'abord, en reconnaissant l'appartenance des langues régionales au patrimoine immatériel de la France pour mieux pouvoir les protéger, celui de la vie publique, ensuite, en sécurisant dans la loi l'affichage de traductions en langue régionale sous les inscriptions et les signalétiques publiques, ainsi que l'utilisation des signes diacritiques des langues régionales dans les actes d'état civil.

Nous nous félicitons que les deux titres relatifs à ces dispositions aient été adoptés sans modification par le Sénat, qui a su faire preuve d'une grande ouverture. Nous attendons la même ouverture de l'Assemblée nationale et de sa majorité concernant les derniers articles en discussion relatifs à l'enseignement des langues régionales. Il serait en effet incompréhensible qu'une proposition de loi relative à la protection et à la promotion des langues régionales ne comporte aucune disposition d'envergure en matière d'enseignement.

Il est primordial de reconnaître dans la loi la possibilité d'un enseignement immersif en langue régionale au sein de l'école publique. Des expérimentations sont déjà menées depuis de longues années. La méthode immersive permet une maîtrise complète de la langue et les élèves qui en bénéficient ont, selon toutes les études, de meilleurs résultats en français que la moyenne nationale.

Nous ne comprenons donc pas l'attitude du Gouvernement, qui autorise des expérimentations en immersion au sein de l'école publique, mais qui a déposé un amendement tendant à supprimer l'article qui vise à sécuriser l'enseignement immersif en langue régionale. De même, nous ne comprenons pas la suppression en commission de l'article relatif à la prise en charge effective par les communes du forfait scolaire pour les écoles associatives immersives. Il s'agissait pourtant d'un engagement ferme pris par le Premier ministre en février 2019. Lors des débats sur le projet de loi pour une école de la confiance, vous vous étiez vous-même engagé, monsieur le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, à rendre véritablement effective la prise en charge de ce forfait scolaire. Nous appelons donc l'ensemble de nos collègues à rétablir cette disposition vitale pour assurer la pérennité financière des écoles associatives, dont deux sont d'ailleurs en projet en Corse dans ma circonscription.

Mes chers collègues, le moment est enfin venu d'adopter un texte relatif à la défense de nos langues régionales. Ce serait une première sous la Ve République. Il y a dans une langue, dans ses expressions, ses tournures, ses proverbes, ses non-dits, sa musique, tout un univers et tout une conception de la vie. Montrons-nous à la hauteur des enjeux, des espérances et de l'engagement de nos associations, de nos réseaux d'enseignement et de tant de bénévoles, pour que vivent encore longtemps nos langues régionales, ce patrimoine de l'humanité.

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