Comme le disait si bien Michel Serres : « Les langues sont un trésor et véhiculent autre chose que des mots. » Les langues régionales sont un patrimoine à la fois historique et vivant, qu'il est essentiel de préserver et de transmettre aux jeunes générations.
Dans sa construction comme État unitaire et comme nation, la France a pourtant longtemps oeuvré à réduire leur place et leur usage au bénéfice de la langue française. Combien d'écoliers furent punis ou humiliés parce qu'ils s'exprimaient dans leur langue maternelle ? En 1911, Jean Jaurès défendait déjà ainsi l'apprentissage des langues régionales : « Puisque ces enfants parlent deux langues, pourquoi ne pas leur apprendre à les comparer et à se rendre compte de l'une et de l'autre ? [… ] Ce serait une éducation de force et de souplesse pour les jeunes esprits ; ce serait aussi un chemin ouvert, un élargissement de l'horizon historique. »
Les langues régionales sont aussi le coeur battant des cultures et des identités régionales, sources de richesse et de diversité pour la République française qui nous unit. Il aura fallu attendre la révision constitutionnelle de 2008 pour qu'elles obtiennent une légitime reconnaissance. L'article 75-1 de notre constitution dispose qu'elles « appartiennent au patrimoine de la France ». Pourtant, la France n'a toujours pas ratifié la charte européenne des langues régionales ou minoritaires, bien qu'elle ait été signée le 7 mai 1999. C'est d'autant plus regrettable qu'une grande majorité d'entre elles, selon l'UNESCO, sont en danger d'extinction.
La promotion et la protection des langues régionales doivent donc être renforcées et approfondies. Tel est le sens de la proposition de loi que nous examinons aujourd'hui. À cet égard, je tiens à remercier chaleureusement mon collègue breton, Paul Molac, pour sa ténacité et son engagement. Ce texte s'inscrit dans la continuité d'initiatives de collègues socialistes : la proposition de loi adoptée en janvier 2017, dont la rapporteure était Annie Le Houerou, et la proposition de loi défendue par Roland Courteau, visant l'installation des panneaux d'entrée et de sortie d'agglomération en langue régionale.