Permettez-moi d'abord de saluer mon collègue Paul Molac pour la proposition de loi fort utile qui vient répondre à un besoin réel de nos territoires. Dans mon territoire, nous n'avons pas attendu ce texte pour amorcer un véritable travail en faveur de la reconnaissance des langues régionales. Le document stratégique « Mayotte 2025, une ambition pour la République » identifie l'apprentissage des langues régionales à l'école comme un puissant vecteur de réussite scolaire. Nous menons donc des combats de longue date en faveur de la reconnaissance de nos langues et de leur usage réel à l'école.
Cette proposition de loi formalise le travail de terrain engagé depuis plusieurs années. En qualité d'élus mahorais, nous avons tenu à faire preuve de vigilance sur ce texte, car nous estimons être particulièrement concernés. Dans cette perspective, l'amendement de mon collègue sénateur Abdallah Hassani, adopté en première lecture, a permis de donner au shimaoré et au kibushi – langues régionales mais aussi, je le précise, langues maternelles très pratiquées à Mayotte – , une reconnaissance égale à celle des autres langues régionales de la France hexagonale et des outre-mer.
Ainsi, nous avançons, mais à petits pas. En effet, l'article 2 ter de la proposition de loi ignore le plurilinguisme dont peuvent se prévaloir avec fierté certains territoires, parmi lesquels la Guyane et Mayotte. À Mayotte, il n'existe pas une mais deux langues régionales : le shimaoré et le kibushi. J'avais donc travaillé à la rédaction d'un amendement à l'article 2 ter que nous venons de voter, visant à donner la possibilité à certains territoires de proposer un enseignement immersif d'une ou plusieurs langues régionales, sans préjudice de l'objectif d'une bonne connaissance de la langue française. En effet, il est possible au collège, dans certaines sections et ce, dès la sixième, d'apprendre simultanément trois ou quatre langues, dont certaines sont même dites mortes. Force est de constater que la nécessité de tenir compte du plurilinguisme n'a pas été retenue dans ce texte et j'en suis sincèrement navrée.