Madame la ministre, à propos de l'augmentation de la CSG, on nous a dit deux choses.
La première est qu'il s'agit d'un acte de solidarité intergénérationnelle : il faut faire payer les baby-boomers, ou plutôt les papy-boomers, qui ont tout eu et ont été une génération de privilégiés. Cet argument ne tient pas. D'abord, les retraités ont déjà payé leurs cotisations lorsqu'ils étaient actifs. Ensuite, ils sont la génération née entre 1927 et 1957, qui a connu la guerre, les privations et l'après-guerre et pour laquelle l'Institut national d'études démographiques – INED – relève un pic de surmortalité. En outre, on ne peut pas traiter les retraités en bloc – certains sont pauvres, d'autres aisés et certains, du fait de la flat tax, ne subiront même pas le relèvement du taux de la CSG. Enfin, il n'y a pas de solidarité intergénérationnelle, car, avec ces recettes, vous ne financez pas de places de crèche supplémentaires ou une allocation pour les jeunes et, en même temps que 8 millions de retraités paieront la CSG, 150 000 familles sortiront du dispositif de la prestation d'accueil du jeune enfant – PAJE.
Une deuxième chose qui nous a été dite est qu'il faut que le travail paye. Nous sommes d'accord et serions même tentés de dire qu'il faut que le travail paye bien. Mais est-ce véritablement aux retraités de financer le gain de pouvoir d'achat des actifs ? Ne serait-ce pas plutôt le rôle des employeurs ? Lorsque votre employeur vous refuse une augmentation, est-il juste d'aller la chercher dans le porte-monnaie de votre grand-mère ?
En réalité, votre intention s'exprime clairement dans l'étude d'impact du PLFSS, qui indique elle-même que cette augmentation de pouvoir d'achat n'aura qu'un effet temporaire. Il est en effet écrit qu'une « baisse du coin fiscalo-social [… ] va entraîner un ajustement à la baisse des salaires bruts, et donc une baisse du coût du travail [… ] ». La mesure n'a donc pas pour but la hausse du pouvoir d'achat, mais bien la baisse du coût du travail, la baisse des salaires dans les négociations annuelles à venir. Les salaires n'augmenteront pas dans les années prochaines, et je souhaite bon courage à ceux qui auront à mener ces négociations.