Bien évidemment, nous souhaitons tous ici – Jean-Marie Sermier l'a dit pour le groupe Les Républicains – aller le plus rapidement possible vers une société décarbonée. Cette volonté transcende les clivages sur ces bancs et dans la société.
Nous avons jusqu'à présent beaucoup parlé de la finalité assignée et des personnes qui achètent les véhicules. Mais nous avons très peu évoqué ceux qui se situent en amont de l'acte d'achat ou de l'utilisation de tel ou tel moyen de transport – voiture, vélo, avion – , décarboné ou non. Je pense notamment à la filière de production et aux emplois correspondants.
Lorsque nous comparons les différents pays européens, il ne faut pas oublier que certains d'entre eux ont des filières industrielles et d'autres non. Vous avouerez que, selon que l'on est parlementaire dans un pays qui dispose, ou non, d'une filière industrielle concernée, il est plus ou moins facile de prendre et d'afficher des décisions politiques qui conduisent rapidement à la décarbonation.
Nous réaffirmons très clairement, sur les bancs du groupe Les Républicains, que nous partageons l'objectif de décarbonation. Nous rappelons cependant que nous avons la chance, en France, comme en Allemagne, d'avoir encore une filière industrielle puissante, qui représente 12 % à 14 % de nos emplois – ce chiffre pouvant atteindre 25 % dans certains départements.
Au moment où nous débattons, 3 millions de personnes ont un emploi directement lié à une filière industrielle. Or trois filières concentrent 80 % de l'emploi industriel : l'automobile, l'aéronautique et le nucléaire. Elles constituent selon moi une richesse, mais vous reconnaîtrez qu'elles traversent actuellement une période difficile – et ce n'est la faute de personne, c'est un calendrier qui s'impose à nous tous. D'une part, les décisions que nous prenons ce soir en matière de décarbonation auront très clairement un impact sur la filière automobile – il est impossible de dire le contraire. D'autre part, et personne n'y est pour rien, la crise du covid-19 a atteint l'aéronautique – c'est le moins que l'on puisse dire. Enfin, la filière du nucléaire est elle aussi affectée – je ne rouvrirai pas le débat à ce sujet ce soir.
Sans remettre en cause l'objectif de décarbonation que nous espérons atteindre le plus rapidement possible, le groupe Les Républicains souhaite en même temps tirer la sonnette d'alarme : la République doit se donner les moyens d'accompagner ces filières et ces millions d'emplois, donc les millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui seront concernés par les mesures que nous pourrions être amenés à voter ce soir.