Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du samedi 10 avril 2021 à 15h00
Lutte contre le dérèglement climatique — Article 35

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Il propose l'établissement d'une feuille de route économique et scientifique de transition de l'aéronautique.

Certains de nos collègues, qui vivent dans des régions où l'aérien est une industrie majeure, comme la région toulousaine ou la Nouvelle-Aquitaine, qui concentrent l'essentiel de notre industrie aéronautique, vivent avec leur corps, leurs tripes et leur coeur, leur amour et leur fierté pour l'aéronautique. Je les comprends, comme je comprends la vision du Gouvernement, qui plaide pour que l'aéronautique soit la première industrie de transition décarbonée.

Mais j'entends aussi d'autres voix, comme celle de Supaéro Décarbo, et sans être un spécialiste, il me semble qu'on ne peut pas opposer décroissance et décarbonation. Je pense qu'il faut à la fois repositionner l'aérien dans le flux des mobilités de la société et du monde, et assurer sa transition vers la décarbonation. Et je le dis parce que j'ai une vraie foi dans le progrès scientifique et technologique – la foi dans la science est l'ADN de la gauche ! – mais que je vois aussi ses limites lorsque l'on raisonne en termes d'écosystème. Nous en parlerons tout à l'heure, mais votre vision d'une décarbonation par compensation, monsieur le ministre délégué, me laisse coi – surtout lorsque l'on connaît les enjeux alimentaires et forestiers qu'elle implique.

On devra passer de douze tonnes à seulement deux tonnes de CO2 émis ! On ne pourra pas accepter que les émissions d'une infime fraction de l'humanité mettent en danger la survie sur toute la planète : tout le monde devra faire des efforts.

Il faut donc accompagner le repositionnement de l'aérien et sa transition vers un nouvel usage, et assurer dans le même temps sa décarbonation. Il ne faut pas oublier que des centaines de milliers de personnes travaillant dans les services, l'industrie ou la recherche vont continuer à inventer l'industrie et la mobilité du futur, en mettant les sciences au service de la transition écologique.

Une feuille de route globale, qui intègre à la fois le repositionnement de l'aérien, la limitation de son usage au nom de l'intérêt général, sa décarbonation et l'invention d'une recherche au service de la transition écologique : voilà le défi de la France. Notre pays est fier de son aéronautique : toute son ingénierie, son intelligence et ses capacités doivent l'aider à transformer ce secteur, comme il l'a fait en aidant l'agriculture à aller vers l'agroécologie.

Nous avons plaidé pour la création d'un fonds « écologie, entreprise, emploi », car nous pensons que l'État doit accompagner cette transition. Aujourd'hui, nous manquons de visibilité sur les actions du Gouvernement en la matière, et ce projet de loi aurait pu être l'occasion de transformer les souffrances en une épopée scientifique, industrielle et entrepreneuriale.

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