Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du mercredi 3 juin 2020 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

Ce matin est un moment particulier.

Nous allons ensemble, en début de cette audition publique, rendre hommage à notre collègue et ami Claude Goasguen, qui s'est éteint jeudi dernier.

D'origine bretonne, il est né à Toulon. Il fera ses études de droit à Paris à l'université aujourd'hui dénommée Panthéon-Assas jusqu'au doctorat d'État. S'engageant dans la carrière universitaire, il deviendra assistant, maître-assistant, puis maître de conférence et doyen de faculté. En 1986, il entrera au cabinet du ministre de l'éducation nationale René Monory. Devenu inspecteur général de l'éducation nationale, puis recteur d'académie, il sera ensuite directeur du Centre national d'enseignement à distance.

Fidèle à l'enseignement, il sera aussi fidèle au droit. Grand spécialiste de l'histoire du droit, il était un éminent juriste comme tous ceux qui ont débattu avec lui en commission ou dans l'hémicycle peuvent en témoigner. Il deviendra même avocat à la cour d'appel de Paris.

Sa carrière professionnelle fut très riche. Et sa carrière d'élu de la République également.

Claude Goasguen sera élu conseiller de Paris, dans le 14e puis dans le 16e arrondissement dont il a été le maire de 2008 à 2017. Pendant près de dix années, il fut adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris, en charge des relations internationales, Didier Quentin nous en parlera tout à l'heure, puis des affaires scolaires. Entre 1986 et 1993, il sera conseiller régional d'Île-de-France. Il devient député en 1993, et le restera pendant vingt-sept années, à l'exception de la période durant laquelle il sera ministre de la réforme de l'État, de la décentralisation et de la citoyenneté dans le premier gouvernement d'Alain Juppé. Je profite de l'évocation de sa carrière politique pour accueillir ses deux collaboratrices, Aurélie Pirillo et Betty Dujardin, que j'ai invité à se joindre à nous.

À l'Assemblée, il siègera à la commission des lois avant de rejoindre, après un passage à la commission des finances, notre commission des affaires étrangères, où il était investi, questionné, passionné par les grands sujets de fractures du monde, en particulier celles du Proche et Moyen-Orient, sur lesquelles il a rédigé un long et profond rapport ; Bruno Joncour nous en parlera. Nous sommes allés ensemble en délégation en Iran, au Liban, en Irak, à Mossoul. Je garde un grand souvenir de ces moments. Lors de nos rencontres avec les autorités, il faisait toujours entendre sa différence. Sa liberté de ton, son indépendance d'esprit, avec souvent une dose de provocation, s'entendait.

Il avait le même naturel, et la même exigence avec tous ses interlocuteurs. Peu importe le statut. Claude Goasguen ne s'inclinait jamais devant les puissants. Il restait et était toujours lui-même. C'était sa force. Et sa grande culture historique lui donnait, à chaque fois, le recul nécessaire à une juste compréhension du monde.

Claude Goasguen était une personnalité à part, une personnalité rare. Talentueux, cultivé, aimant l'histoire, le droit, le débat, passionné, engagé, il était profondément, intensément vivant. Et il était profondément et intensément libre. Il va manquer terriblement à notre commission, et, à la vérité, il nous manque déjà.

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