Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 3 juin 2020 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Mon cher Claude, ton cœur t'a abandonné. Tu t'es battu pendant des semaines, les médecins t'ont ramené à la vie, mais cela n'a pas suffi. Je suis bouleversé, dévasté, et je ne m'en remets pas. Tu étais plus qu'un collègue, un ami et un allié. Tu étais mon frère. Nous avons espéré, nous avons prié pour toi. Comment parler de toi au passé alors que tu étais la force incarnée ?

Nous partagions les mêmes valeurs, la même vision de la France et de la démocratie. Tu étais un homme de conviction, de combat, avec cette voix à nulle autre pareille. Tu prenais la parole sans notes ; tu avais le verbe précis, tranchant, toujours pertinent. Même tes adversaires te respectaient et t'ont rendu hommage. Tu étais l'honneur de la France et de l'Assemblée nationale. Tu étais un amoureux de Paris, un grand patriote, très attaché aux chrétiens d'Orient. Tu étais aussi l'infatigable pourfendeur de l'antisémitisme et de son nouveau visage, l'antisionisme. Je n'oublierai jamais ce 13 janvier 2016, où nous avons décidé tous les deux de porter la kippa à l'Assemblée nationale, dans la salle des Quatre Colonnes. Le pays était alors en proie à une vague d'attentats terroristes et tu as expliqué que la France ne serait plus la France si les juifs ne pouvaient plus marcher avec la kippa dans la rue. Tu étais un ami sincère et passionné du peuple juif. Le 5 juin 2019, en réponse à un rapport sur les territoires palestiniens, à charge contre Israël, tu déclarais : « Je voudrais saluer le peuple juif, et mon grand regret est de ne pas être juif moi-même. Je suis totalement solidaire du peuple juif et d'Israël. » Tu incarnais la fraternité et l'amitié entre la France et Israël. Il y a deux semaines, lorsque j'ai eu un échange très tendu avec le ministre des affaires étrangères, je t'ai cherché du regard et je ne t'ai pas trouvé. Tu ne seras plus jamais à mes côtés, mon cher frère. Les Israéliens t'aimaient comme un ami sûr et fiable. Le Premier ministre de l'État d'Israël a été effondré d'apprendre ta disparition, et il t'a rendu un hommage vibrant.

Nous traversons une période cruelle et déroutante. Nous perdons l'un des meilleurs, sinon le meilleur d'entre nous. Shalom, cher Claude, bon vent. Avec ton départ, nous réalisons à quel point nous sommes peu de chose. Ton esprit, ta force, ton héritage demeurent. Le plus grand hommage que nous puissions te rendre est de continuer à servir comme tu le faisais ce pays que tu aimais tant, la France, ainsi que les Parisiens et l'amitié entre la France et Israël, que tu portais mieux que quiconque dans ton cœur. Je pense à toi, à ta famille, à tes assistantes, et je t'aime.

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