Bravo, madame la présidente, pour cette belle initiative. Nous vivons un moment de grande émotion. Je connaissais Claude depuis nos années d'étudiants en droit, et je l'ai retrouvé vingt ans plus tard à la mairie de Paris, où il était l'adjoint de Jacques Chirac chargé des questions internationales, quand j'étais moi-même directeur des relations internationales. Nous avons effectué d'innombrables voyages de par le monde avec Jacques Chirac. Nous sommes allés au Japon de nombreuses fois, mais aussi au Québec. Claude Goasguen était un homme de caractère, ce qu'il expliquait par sa double origine, corse et bretonne. Il nous avait même expliqué en Afrique que Goasguen voulait dire, en breton, « l'homme blanc ». Il était aussi un grand ami d'Israël, et je l'ai entendu plusieurs regretter de ne pas être juif lui-même. C'était un homme ouvert, qui connaissait parfaitement l'Iran et sa civilisation. C'était un homme de conviction, que certains ont qualifié de « grande gueule ». C'était un rugbyman, supporter du club de Toulon, qui fonçait, savait combattre, mais aussi se réconcilier avec ses adversaires. Claude pouvait être aussi assez facétieux. À l'époque difficile de l'affrontement, à fleuret de moins en moins moucheté, entre Jacques Chirac et Édouard Balladur, il lui arrivait d'acheter des chaussettes rouges chez Gammarelli, fournisseur officiel du Saint-Siège, à Rome, ville jumelée avec Paris, et de les offrir aux soutiens de ce dernier. Nous étions peu nombreux à penser qu'il ne sortirait pas vainqueur de ce dernier combat. Nous entourons sa famille, ses collaboratrices. C'est avec une grande émotion que je lui dis : « Adieu, l'ami, ciao il magnifico ! »