Je le connaissais comme beaucoup d'entre nous depuis plus de trente ans. Je n'ai pas toujours été d'accord avec Claude, mais la comptabilité des accords et des désaccords n'importe pas. Ce qui compte pour moi et pour nous tous, c'est qu'il était un immense professeur de vie parlementaire. Il aimait trois choses qui se portent mal par les temps qui courent, mais qui devraient être au cœur de notre engagement de parlementaire : il aimait d'abord la liberté de l'esprit, l'irrévérence, le refus du « prêt à penser », l'horreur du politiquement correct, qui anesthésie l'intelligence et fait trop souvent de chacun d'entre nous des singes qui se bouchent les oreilles et se masquent les yeux ; il aimait aussi une espèce en voie de disparition, les idées, les analyses bien charpentées, les raisonnements enracinés dans les concepts solides et une culture historique particulièrement riche servie par la rigueur intellectuelle d'un grand universitaire ; il aimait enfin les mots, leur beauté, leur saveur, leur vigueur, leur sensualité gourmande et leur audace subversive. Il savait qu'un parlementaire qu'un est d'abord un homme qui pense qu'au commencement était le verbe. Sachons rester fidèles à ce qu'il y avait de meilleur chez ce Corse des profondeurs, caché sous un Breton magnifique, et qui devrait être ce qu'il y a de meilleur en nous : l'amour intransigeant de la liberté.