Intervention de Nassif Hitti

Réunion du mercredi 10 juin 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Nassif Hitti, ministre des affaires étrangères et des émigrés du Liban :

. Je tenais à saluer, à propos des écoles privées, l'initiative du Président de la République, M. Emmanuel Macron, concernant l'aide apportée aux écoles francophones. Pour nous aussi, la francophonie est très importante et nous voulons investir dans cela, mais nous avons besoin d'aide. Pour ce qui est des certificats, le ministre de l'éducation nationale est en train de se pencher sur cette question et nous travaillons avec lui pour tenter de trouver une solution. Ce sont, à nos yeux, des problèmes majeurs qui peuvent avoir des répercussions négatives et néfastes s'ils ne sont pas résolus.

Pour ce qui est des relations avec la Russie ou la Chine, nous avons de bons rapports, mais je tiens à rappeler que, pour des raisons historiques de proximité, de voisinage, de relations de société à société, nous avons des liens très particuliers avec la France sur lesquels nous comptons beaucoup. Nous attachons beaucoup d'importance au rôle actif et dynamique de l'Union européenne et de la France en particulier.

À propos des résolutions onusiennes, notamment la résolution 1559, nous sommes tout à fait conscients de ce problème et nous y travaillons dans un esprit d'ouverture, de dialogue national et de respect du droit international. La majorité des résolutions onusiennes, surtout celles qui ont été prises par le Conseil de sécurité, n'ont jamais été appliquées. Si elles avaient été appliquées, le conflit israélo‑arabe ne se serait pas poursuivi jusqu'à aujourd'hui. Nous sommes très impliqués dans la résolution 1701. Nous visons à créer une situation de paix et de stabilité totale, en prenant en considération tous les facteurs qui influencent la scène libanaise.

Il y a ensuite la question des réfugiés et des déplacés, puisque les deux sont présents au Liban : les réfugiés palestiniens depuis longtemps et, à présent, les déplacés syriens. La résolution de ce problème passe par un règlement politique pacifique de la crise syrienne. Mais nous nous sommes engagés sur un nombre de principes : un retour en sécurité et en dignité, de manière graduelle avec un attachement et un respect du principe du non-refoulement. Pour ce qui est de l'aide apportée, elle n'est pas suffisante car, malgré les accusations dont nous sommes, à tort, l'objet, toutes les infrastructures du pays subissent beaucoup de pression du fait de cette poussée démographique due à la présence syrienne au Liban. La situation n'est pas facile. Je le dis en toute amitié, il y a toujours eu des relations spéciales et indépendantes, des relations politiques entre le Liban et la Syrie. Mais il reste que le Liban ne peut pas maintenir cette situation grave, compter plus de 30 % de la population qui n'est pas libanaise dans un État où l'économie est dans une situation de désastre total. Nous avons besoin de beaucoup plus d'aides en direction des déplacés comme des réfugiés ainsi qu'en direction des sociétés d'accueil – la Jordanie et la Turquie ont formulé les mêmes demandes – pour maintenir une vie digne, la sécurité et la stabilité au profit de ces populations et assurer un bon retour au pays à la fin du conflit.

En ce qui concerne la possible restructuration du système bancaire, il y a eu beaucoup de théories sur la fermeture de banques et l'expropriation de banques mais je peux vous assurer que ce n'est pas une politique libanaise. La création de nouvelles banques répond aux règles libérales du marché libanais. Je ne dis pas qu'il y aura de nouvelles banques disponibles dès demain matin. Certains parlent de fermeture de banques ou de fusions, mais il y aura des règles qui encadreront le système financier et bancaire.

Je voudrais indiquer un point qui est à mon avis très important : l'Académie de l'Homme qui a été initiée par le président Michel Aoun a reçu un accueil et un appui très favorable aux Nations unies. Nous avons tous besoin, demain beaucoup plus qu'aujourd'hui et après-demain beaucoup plus que demain, d'établir une instance de dialogue qui respecte la diversité et qui s'ouvre à l'autre. C'est le rôle de cette Académie de l'Homme et nous souhaitons l'appui de la France et d'autres pays amis pour la fondation de cette Académie au Liban comme un centre, un lieu de dialogue continu et permanent. Au lieu d'ériger des murailles il faut construire des ponts et cette Académie jouera ce rôle de constructeur de ponts entre les sociétés, les civilisations, les religions et les différents acteurs.

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