Intervention de Valérie Boyer

Réunion du mercredi 10 juin 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

. Le Liban est frappé par la plus grande crise économique et financière de son histoire sur laquelle se greffent un mouvement de contestation populaire et des tensions politiques aggravées par des enjeux géopolitiques. Depuis octobre dernier, le taux de chômage est passé de 25 % à 32 %. Dans les mois à venir, certains experts pensent qu'un million de Libanais – soit 65 % de la population active – seront sans emploi.

Dans une tribune publiée le 20 mai dans le Washington Post, le Premier ministre Hassane Diab mettait en garde contre une crise alimentaire majeure pour la fin de l'année.

À la crise économique s'ajoute une crise politique. Alors que les manifestations ont reprises à Beyrouth pour protester contre l'impuissance du gouvernement à résoudre la crise financière et économique, des heurts ont éclaté dimanche entre les partisans du Hezbollah et ceux qui appellent au désarmement de ce groupe que nous considérons comme terroriste. La question des armes du Hezbollah est un des principaux enjeux de discorde dans la classe politique. Le groupe est la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile.

Ma question porte sur autre sujet. Je voulais vous interroger sur la place des femmes au Liban et notamment sur les violences conjugales, les mariages précoces et les discriminations dans la garde des enfants que dénoncent bon nombre de Libanaises. Fin février, une vidéo déchirante et massivement partagée sur les réseaux sociaux d'une mère libanaise, qui a provoqué la colère des Libanais. On y voit Lina Jaber, agenouillée sur la tombe de sa fille, morte à l'âge de quatorze ans, alors que le père et la famille de ce dernier l'empêchaient de l'approcher depuis deux ans. Privée de garde, de toute visite y compris le jour de l'enterrement de son enfant, la mère éplorée hurle sa douleur dans un village du Liban du Sud quand elle parvient enfin à se recueillir devant la tombe de sa fille située dans la cour de la maison du père, deux mois plus tard. En 2019, une autre image a inondé les réseaux sociaux : c'est l'image d'une jeune femme poursuivie par un homme torse nu avec bâton de bois et qui s'apprête à la frapper. Il est vrai que votre pays a adopté une loi en 2014 sur les violences conjugales qui présente une avancée pour le droit des femmes au Liban et pour leur sécurité. Certaines organisations non gouvernementales la trouvent insuffisante à plusieurs égards. Cette loi comporte d'importantes mesures de protection et des améliorations concernant les recours judiciaires disponibles mais elle n'aborde pas de manière adéquate le risque de viol conjugal et d'autres abus auxquels les femmes continuent d'être exposées. J'aimerais avoir votre avis sur la situation des femmes au Liban qui risque de s'aggraver avec la crise économique.

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