. Le Liban occupe une place particulière en France, y compris dans le cadre de notre politique étrangère. L'amitié qui unit nos peuples est spéciale, longue et unique. Je voudrais être franc et demander – comme l'ont déjà dit certains mais peu de mes collègues – que reste-t-il de ce Liban que nous aimons, alors qu'il est l'otage depuis trente ans d'une organisation terroriste, djihadiste, chiite, à la botte de Téhéran et alliée de Bachar el‑Assad ? Je parle évidemment du Hezbollah. Dois-je rappeler que le Hezbollah a du sang français sur les mains ? Bien avant les attentats islamistes de ces dernières années, il y a eu le Drakkar, 58 parachutistes français tués, dans les années 1980, il y a l'affaire des otages, l'attentat de la rue de Rennes, Mark & Spencer et j'en passe. Au total, près de 15 morts. Aujourd'hui encore, le Hezbollah exploite pour son parrain iranien un réseau criminel, terroriste, mondial qui menace la démocratie mais au‑delà d'être organisation terroriste, le Hezbollah, est antisémite. Je rappelle que le 18 mai 1994, l'attentat contre le centre israélite de Buenos Aires a fait 85 morts civils, assassinés parce que juifs. Au niveau régional, alors qu'Israël normalise chaque jour un peu plus ses relations avec les pays arabes, l'organisation affiche ouvertement l'objectif d'anéantir l'État juif. Le peuple libanais est aujourd'hui l'otage de la stratégie du pire du Hezbollah et souvent il sert de bouclier humain à la milice islamiste. Pourtant, combien de Libanais – pas seulement chrétiens – me font part de leur rêve d'une normalisation avec Israël qui obsède certains de mes collègues comme Bruno Joncour, Jean François Mbaye et d'autres, et qui, je le rappelle, a évacué jusqu'au dernier centimètre carré du Liban du Sud, il y a déjà vingt ans ? Est-ce qu'il y a la paix pour autant pour ceux qui pensent que c'est une question de territoire ? C'est encore la milice pro‑iranienne qui est derrière le veto systématique du Liban à l'entrée d'Israël dans la francophonie où vivent 85 000 francophones. Vous boycottez Israël. Depuis des années, alors que votre pays était « la Suisse du Moyen‑Orient », aujourd'hui, il est au bord de l'effondrement en proie à une crise économique, financière, sociale et politique. De courageux manifestants descendent dans la rue au péril de leur vie pour hurler leur désespoir vis-à-vis du Hezbollah. Ce soi-disant « parti de Dieu » est un cancer pour le Liban. Beaucoup l'ont compris : les États-Unis, le Canada, l'Argentine, le Royaume‑Uni et plus récemment l'Allemagne ont interdit l'organisation dans son ensemble et pas uniquement l'aile militaire. Et moi, j'appelle la France, mon pays, à suivre l'exemple de nos alliés. J'ai d'ailleurs écrit au Président de la République pour indiquer que cette distinction est tout à fait artificielle. Je sais que votre liberté de parole est évidemment contrainte. Je tenais à faire ce point. Vous ne pensez pas que le redressement de votre pays auquel la France est attachée passe avant tout et a minima par le désarmement du Hezbollah et par la fin de ce chantage odieux ?