Intervention de Sébastien Nadot

Réunion du mercredi 1er juillet 2020 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Nadot :

. Je veux d'abord m'adresser, en tant que représentant de la nation, à M. Paul Biya, Président de la République, tant la situation du pays me paraît être sur une pente dangereuse et je voudrais lui faire parvenir cette information, qui me semble très importante, puisque le Groupe de détention arbitraire des Nations unies a rendu son rapport sur la détention d'Amadou Vamoulké, ex-directeur général de la Télévision publique du Cameroun, la CRTV. Après examen – vous savez qu'Amadou Vamoulké est malade, il a plus de soixante-dix ans et il est emprisonné depuis cinq ans –, le Groupe a statué et demande sa libération immédiate. Nous pourrions considérer qu'en tant que député français, je m'immisce dans les affaires internes d'un pays tiers, mais telle n'est pas mon intention, puisqu'encore une fois, c'est un compte rendu du rapport des Nations unies. Ce n'est pas la France qui demande la libération d'Amadou Vamoulké en particulier. Il s'agit bien des Nations unies, sur la base de la Charte des droits de l'homme. Je demande donc solennellement au Président de la République du Cameroun de procéder à la libération d'Amadou Vamoulké. Ce serait un premier signal permettant de montrer que ce pays commence à remonter la pente, ce que souhaitent tous les citoyens français, du citoyen jusqu'à son Président de la République. Pardonnez-moi pour cette adresse mais elle me semble fondamentale dans un moment international où la question des droits de l'homme est très souvent mise de côté. Le Président de la République camerounaise a une belle occasion de montrer toute son humanité.

Par ailleurs, sur la question du rapport, je suis un petit peu gêné. Effectivement il y a un éclairage qui est très fouillé et de grande qualité. Le problème qui se pose selon moi est : « Est-ce un rapport de parlementaires ? Est-ce plutôt un rapport du fonctionnaire du Quai d'Orsay ? » Ce que j'aurais voulu entendre et peut-être vous allez pouvoir me répondre maintenant : lorsque vous êtes allé au mois de janvier sur place, avez-vous rencontré des victimes des déplacements massifs ? Avez-vous rencontré des victimes de violences ? Nous sommes des individus, des citoyens français. Nous devons aller voir la situation des Camerounais. Avez-vous rencontré, par ailleurs, des responsables politiques ? Lesquels ? Que s'est-il passé ? Avez-vous rencontré des personnes du pouvoir en place ? Je suis très frustré, je croyais apprendre beaucoup de choses et finalement j'ai l'impression que, du Quai d'Orsay ici à Paris, nous aurions pu faire la même chose. Je reste sur ma faim mais peut-être allez-vous m'éclairer.

Enfin, une question un peu spécifique. Je vous ai entendu dire, monsieur Kokouendo, que Maurice Kamto avait tenu des propos extrêmement graves à l'encontre de l'ambassadeur de France. Je souhaiterais que vous reveniez sur cela, que vous nous disiez quels sont ces propos en question, comment ont-ils été prononcés. Était-ce pendant votre mission ? Par ailleurs en faisant cela, est-ce que vous ne rentrez pas dans le jeu politique interne du Cameroun, et donc là cela me prose problème. Je souhaite vraiment savoir quels sont ses propos graves, et de quel droit allons-nous juger des propos graves d'un opposant politique au Cameroun ? Je vous remercie.

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