. Merci chers collègues pour toutes ces questions. Nous tacherons de répondre à tous.
Je reviendrai d'abord sur la question de Marion Lenne sur l'Eco. Cela ne concerne pour le moment que l'Afrique de l'Ouest et non l'Afrique centrale, ce qui arrivera peut-être par la suite. Mais effectivement les dirigeants ouest africains ont pris cette décision en décembre dernier. Nous attendons tous le processus qui va se mettre en place, et la période de transition durant cette année. Le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres dernièrement et nous attendons de voter ce projet de loi à l'Assemblée.
Vient la question de Jean-Paul Lecoq sur l'expression démocratique au Cameroun. L'expression démocratique existe, puisque Didier Quentin et moi avons rencontré autant les autorités que la société civile et les représentants de tous les partis. Nous avons eu l'occasion d'apprécier cette liberté. Toutes les questions qui ont été posées l'ont été sans filtre. Nous y avons répondu avec toute la sincérité qui nous animait. Même en sortant de notre entretien avec le représentant du gouverneur et les autorités de Buéa dans le Sud-Ouest de Cameroun dans la zone anglophone, où il y a eu une guerre, nous avons vu des journalistes et des représentants de la société civile qui nous ont posé toutes les questions qu'ils voulaient en toute simplicité, mais également en toute franchise et nous y avons répondu. Dans notre rôle de parlementaires français, nous ne pouvons pas nous immiscer dans les décisions politiques qui sont prises au Cameroun, mais pouvons les accompagner par les moyens qui sont les nôtres. Pas d'ingérence donc car nous sommes des partenaires du Cameroun.
Bruno Joncour a parlé de l'aspect économique. Les conséquences de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun sont désastreuses pour le pays. C'est le poumon vert du pays, là où l'agriculture a toute sa place. Cette crise a bloqué pas mal de choses, une relance est en train de se mettre petit à petit en place. Toutes les sociétés françaises et non françaises sont prêtes à investir et créer des emplois dans cette région. Près de 10 000 emplois directs sont possibles si la situation sécuritaire se rétablit dans ce secteur. Cela signifie des emplois pour les Camerounais, puisque ce sont eux qui sont employés dans les sociétés françaises.
Je répondrai après à la question de Jacques Maire. Oui, le Cameroun joue un rôle très important dans la lutte contre le terrorisme. Nous voyons bien que l'extrême-Nord du Cameroun est sujet à des attaques de Boko Haram. L'armée camerounaise a su contenir ces incursions sur son territoire. Elle a su mener une guerre difficile. Puisque les terroristes ne font pas de distinction entre les populations qu'ils attaquent. Effectivement l'armée camerounaise a agi dans ce secteur et a su contenir ces attaques avec le soutien des pays comme le Tchad. Ce n'est pas un combat qui est déjà gagné, puisque nous voyons ces dernières semaines que l'action des groupes terroristes dans le secteur du lac Tchad a repris. C'est un combat de longue haleine. Et le pays a besoin que nous continuions à le soutenir dans cette guerre contre le terrorisme. Ce n'est pas facile pour les autorités et surtout pour la population civile qui y réside. Ce sont des contraintes pour eux, pour vivre, pour aller chercher à manger. Nous avons rappelé, dans notre rapport, que dans les régions de l'extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, depuis de trois ans, il n'y a pas d'école pour les enfants. L'avenir du Cameroun, est-ce le chaos ? Non. Nous devons, en tant que partenaire, soutenir toute mesure qui puisse aider la population camerounaise, d'abord à pouvoir mener une vie paisible et vivre dans ces territoires, y compris dans les bourgades les plus éloignées. Nous sommes allés à Buéa, une grande métropole. Nous avons vu que la vie revenait dans cette ville. Mais il faut aussi que cette reprise de la vie concerne les petites bourgades qui sont autour. Ce n'est pas encore le cas et nous le regrettons sincèrement. Je pense que l'effort de la communauté internationale doit aller dans ce sens d'appui et de recherche de ramener une certaine sérénité, la paix dans cette région du Cameroun. Les sociétés civiles sont très impliquées dans cette gestion.
Jacques Maire a aussi relevé la question de la succession des dirigeants africains. Sans pour autant nous immiscer dans les affaires intérieures de ces pays, la question se pose. Nous-mêmes, en tant que parlementaires, nous faisons ce travail sans le cacher. Puisque nous recevons dans tous nos groupes d'amitié, des représentants, que ce soit des représentants de la société civile ou des représentants du pouvoir ou de l'opposition. Ce travail doit continuer, peut-être s'amplifier. Peut-être faut-il faire autrement. Il faut que nous trouvions des solutions, peut-être des moyens de mieux faire. Nous devons améliorer notre façon de fonctionner, les personnes qui sont mal informées pensent que nous ne communiquons pas avec les opposants en Afrique. Nous communiquons avec tout le monde. Il n'y a pas d'activité exclusive. Je souhaitais le rappeler.
Nous avons parlé de la jeunesse camerounaise, qui dans cette région, est la mieux formée il faut le rappeler. Chaque année le pays envoie des étudiants dans les meilleures écoles, dont Polytechnique. Ces régions sont sources d'une nouvelle génération qui a envie d'apprendre et qui a envie de s'en sortir.
Quant à la Chine, elle ne nous est pas apparue faire du Cameroun une priorité. La Turquie, elle, s'implante de plus en plus, comme la Russie en Centrafrique.
Les droits de l'homme sont un point important de notre diplomatie. Le Président de la République le rappelle partout où il va et quel que soit le pays. Il faut les rappeler avec fermeté. Nous sommes déterminés à défendre les droits de l'homme dans notre diplomatie, car nous sommes le pays des droits de l'homme. En tant que parlementaire français, je ne peux pas dire que la France méprise les gens. Pour moi, ce n'est pas la réalité.
Enfin, les accusations portées contre l'ambassadeur de France par les proches du MRC sont une réalité. Ils traitent notre représentant d'agent de propagande, alors qu'il ne fait que son travail. Je pense qu'en toute chose, il faut de la mesure. Lorsque les choses sont exagérées, nous ne pouvons pas le tolérer. Une « deepfake » est apparue dernièrement. Une photo de notre ambassadeur a été prise en lui faisant dire des choses qu'il n'avait jamais prononcées. Cela non plus, ce n'est pas tolérable. Nous sommes des partenaires du Cameroun et nous devons être respectés, tout comme nous respectons les institutions et la population camerounaises. Lorsque des atrocités sont commises, nous sommes les premiers à les dénoncer.