Intervention de Alain David

Réunion du mercredi 14 octobre 2020 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David, rapporteur pour avis :

La contribution présentée par Jean-Michel Clément va dans le sens de mon rapport. Notre audiovisuel extérieur mérite le coup de pouce qui lui permettrait de rester dans la compétition internationale.

J'ai rencontré le directeur de la Deutsche Welle. Il est enthousiaste à l'idée de construire un véritable outil avec France Médias Monde. Il espère d'ailleurs que d'autres pays européens se joindront à nous pour créer un outil européen de communication, d'expression, de transmission de valeurs. Malheureusement, j'ai aussi mesuré l'écart croissant entre les crédits alloués à la Deutsche Welle et à BBC World et les enveloppes dédiées à notre audiovisuel extérieur. Notre partenaire est bienveillant, mais il s'interroge sur notre capacité à poursuivre les actions engagées, faute de moyens.

Le fonctionnement totalement différent de l'Allemagne lui permet de jouer sur la complémentarité des Länder et du gouvernement. C'est parfois très complexe, et il arrive que les uns et les autres ne se retrouvent pas. Il reste que les budgets annoncés sont tenus : le financement de la Deutsche Welle augmentera ainsi de 50 millions d'euros en deux ans, pour passer de 350 millions à 400 millions d'euros. L'audiovisuel français rêverait d'un tel budget, qui donne la capacité de développer des actions et des interventions d'une autre dimension. Certaines actions supplémentaires sont financées par le gouvernement allemand et les Länder, alors que notre audiovisuel les finance sur son propre budget. Il est difficile de suivre, d'autant que la concurrence des Chinois ou des Russes est très rude. Nous recherchons la complémentarité avec BBC World ou la Deutsche Welle pour convaincre d'autres partenaires européens – Italiens, Belges, Espagnols – de nous rejoindre. Ainsi, nous pourrons être compétitifs et armés pour faire entendre la voix de l'Europe.

Notre implantation en Afrique est correcte. Lors de la révolution en Tunisie, France 24 a été plébiscitée par la jeunesse tunisienne, qui appréciait son indépendance et son objectivité, gages d'une information de qualité en laquelle ils pouvaient avoir confiance. Les autres médias, arabes ou africains, avaient tendance à prendre parti et n'étaient pas forcément objectifs. La voix de la France, par l'intermédiaire de nos médias, était objective, et ils pouvaient avoir confiance dans les informations données. Il ne s'agissait pas de propagande pour un côté ou l'autre, mais de la transmission d'informations et de valeurs, notamment sur les droits de l'homme et les droits des femmes, et ce fut un bien pour ce pays.

Cette confiance dans nos médias continue de produire des effets : il y a deux ans, j'ai interrogé l'ensemble des médias tunisiens sur leur manière de travailler avec nos médias et la façon dont était perçu notre audiovisuel. Il est cité en exemple, et de nombreux journalistes souhaitent venir en France pour se former. Nous avons d'ailleurs rappelé au directeur de la Deutsche Welle et au président d'Arte qu'il serait bon de mettre en place des formations communes de journalistes nord-africains et africains, pour préparer un certain nombre de transitions démocratiques. Autant faire profiter ces jeunes de l'exceptionnelle qualité de nos écoles de journalisme.

Comment rendre à notre audiovisuel une capacité budgétaire équivalente à celle de la Deutsche Welle ?

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