J'ai toujours plaisir à écouter Guy Teissier. Pour avoir fait quelques déplacements avec lui à l'époque où il présidait la commission de la défense, j'ai pu mesurer son expertise, sa grande connaissance du sujet et le respect que nos militaires vouent à un député qui sait de quoi il parle.
Je tiens à le remercier pour son rapport, qui a le mérite de la clarté. Le budget de la défense a besoin de la diplomatie pour aider les exportations d'armement. L'opacité de notre système d'exportation de l'armement est tout à fait utile pour aller vite et pour servir à la fois notre industrie et notre balance commerciale – c'est ce qui est dit dans le rapport, et je ne partage pas ce point de vue. Les députés communistes se sont toujours opposés à l'idée que notre réseau diplomatique n'était qu'une succursale au service des intérêts économiques du pays, car cela abîme l'image de la France. Celle-ci doit défendre des valeurs fortes, les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.
Les intérêts économiques ne s'embarrassent cependant pas de ces valeurs, les seules qui vaillent étant le profit et les dividendes. C'est d'ailleurs comme cela qu'est construite la politique d'exportation d'armement de notre pays : chaque demande d'exportation est évaluée au sein de la commission interministérielle pour l'exportation des matériels de guerre, où tout est classé « secret défense » – et voilà, on ne peut plus rien dire ! C'est ainsi qu'au nom de l'aide à l'export, nous vendons des armes à l'Arabie saoudite et à leurs alliés, qui les utilisent dans l'horrible conflit au Yémen. Je partage le questionnement de la commission : quid de l'utilisation de ces armes au regard du droit international ? Peut-être en discuterons-nous lors de la réunion que la commission consacrera spécifiquement aux ventes d'armes. Cet État véhicule partout dans le monde une idéologie religieuse et politique qui mène à la violence, à l'exclusion, et parfois au pire – je tenais à le dire. La nécessité de réformer ce système et de libérer le Quai d'Orsay de ces contraintes économiques et militaires est urgente, pour retrouver une voix libre et digne dans le monde, une voix pour la paix.
Par ailleurs, je constate que la trajectoire de la loi de programmation militaire, qui prévoyait de dépenser 2 % du PIB pour notre armée, est parfaitement respectée, alors que l'aide publique au développement n'a jamais eu de trajectoire très crédible, selon nous, pour atteindre 0,5 % du PIB – à croire que les injonctions de Donald Trump et de l'OTAN ont plus de force que celles des organisations non gouvernementales ; c'est parfaitement regrettable !
Enfin, concernant le plan de relance, vous avez indiqué dans votre rapport que celui-ci financera, à hauteur de 150 millions d'euros, les dépenses de recherche duale supportées par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Devons-nous en conclure que le plan de relance soutient la recherche sur la bombe atomique ? L'adaptation de l'arme nucléaire aux enjeux du XXIe siècle continue-t-elle d'être pertinente alors que les enjeux de ce siècle sont la cybersécurité, les crises environnementales et les crises sanitaires ?
Nous considérons qu'il convient d'apporter les moyens nécessaires à notre armée. Je me souviens de ces soldats en Afghanistan, qui expliquaient que si les Américains étaient un peu protégés dans leurs véhicules, le fond des véhicules légers français ne l'était pas – j'espère que tout cela a bien évolué depuis ! Nous ne partageons pas toujours les missions qui leur sont confiées, mais là n'est pas la question : les militaires doivent être protégés. Voilà pourquoi le groupe des députés communistes ne soutiendra pas ce budget.