Ce qui est historique dans cet accord, c'est le coût pour la France ! La symbolique est peut-être historique mais notre pays sera le dindon de la farce. Pour obtenir cet accord, vous aurez cédé sur beaucoup de choses. Le Président Macron aura ainsi cédé sur les rabais. Vous dites que l'on passe de 2 à 1,5 milliard. Certes, mais le départ anglais nous coûte 2 milliards. Ajoutez-y l'augmentation des rabais, qui est une défaite totale pour notre pays. Vous avez acheté le vote des pays nordiques en acceptant de consolider leur rabais. Je ne vois pas pourquoi ils y renonceraient demain, quand il faudra obtenir d'eux d'autres accords sur les ressources propres.
Pire : vous avez accepté de dissocier plan de relance et ressources. C'est un vrai marché de dupes car s'il y avait un moment pour négocier la concomitance des deux, c'était bien là. Je ne vous demande pas d'avoir toutes les ressources propres de la terre ni de changer le logiciel de nos voisins, mais vous auriez au moins pu obtenir gain de cause pour la taxe sur les transactions financières ou la taxe GAFA.
Vous avez préféré céder sur tout en reportant le sujet des ressources propres. Or, les ressources propres n'arriveront pas car vous n'aurez plus de levier vis-à-vis des pays nordiques. L'accord est totalement déséquilibré car, si les ressources propres ne sont pas au rendez-vous, la France percevra 40 milliards ! Et encore, on ne sait pas quand ! Seuls 10 milliards sont prévus prochainement. Le plan de relance arrivera trop tard. Surtout, nous paierons beaucoup plus, au regard de la contribution de la France. C'est une très mauvaise affaire. La contribution nette et brute de la France au budget de l'Union européenne pour 2021 explose en augmentant de 25 % par rapport à 2020, soit 5 milliards de plus. Vous nous dites que nous sommes le huitième contributeur. Je vous remercie de ces chiffres mais si vous nous donniez la contribution nette de la France, les Français seraient heureux d'apprendre qu'ils paient toujours plus pour une Union européenne prompte à subventionner des usines qui, comme Bridegstone, s'installent en Pologne, une Union européenne incapable de contrôler l'immigration, responsable de la destruction de nombreux emplois par la faveur accordée aux travailleurs détachés. On finance une organisation qui nous fait du mal. Il faut le faire ! Et vous augmentez encore la facture ! Vous vous réjouissez des symboles mais vous oubliez que ce sont les Français qui paieront, une nouvelle fois.
Autre conséquence : la bureaucratie européenne en sortira renforcée alors qu'il aurait été tellement plus simple d'établir notre propre plan de relance et de le faire financer par la Banque centrale européenne. En réalité, la vraie question est celle de la manière dont nous négocierons la dette de la crise du covid-19. Devrons-nous accepter les ajustements exigés par les partenaires allemands auxquels vous êtes profondément soumis ou allons-nous créer une dette perpétuelle, en l'isolant et en la faisant financer par la Banque centrale, comme le feront les Américains ou les Anglais ?
Je salue votre immense talent pour communiquer. Hélas, vous avez manqué une occasion, celle des ressources propres. M. Lecoq l'a dit, la première des ressources propres, ce sont les droits de douane, et non la signature d'accords de libre-échange qui polluent la planète, affaiblissent l'Europe et l'industrie. Malheureusement, vous n'avez pas négocié les accords de libre-échange.
Quant au Mercosur, il est extraordinaire que le Président Macron l'ait accepté à Bruxelles pour le dénoncer ensuite verbalement. J'aimerais que l'on m'explique ce double discours pour ne pas revivre le psychodrame du CETA. Pourquoi avons-nous laissé la Commission européenne signer l'accord avec le Mercosur ? Pourquoi nous y opposons-nous aujourd'hui ?
Si vous cherchez des ressources propres pour rembourser l'emprunt, taxez les produits importés, ce sera plus rapide et efficace.