L'exercice d'évaluation tel qu'il peut être mené par la Cour des comptes en matière d'aide publique au développement est difficile, car il concerne des populations et des maîtres d'ouvrage qui ne sont pas français. Le champ d'évaluation d'audit ou de contrôle des bailleurs de fonds s'arrête en général à la frontière de la souveraineté du bailleur. Certes, il est toujours possible d'interroger des panels d'utilisateurs finaux, mais lorsque la difficulté porte sur les problématiques internes aux maîtres d'ouvrage ou sur l'administration locale, on se heurte à une frontière. L'enjeu est donc de faire des acteurs locaux des co-évaluateurs. Cela permet d'augmenter la redevabilité financière et politique. Trois acteurs sont importants : le maître d'ouvrage local, le bénéficiaire ultime, c'est-à-dire la population, et le parlement du pays bénéficiaire. Comment pensez-vous les prendre en compte ? Il me semble que bâtir une plateforme de coopération vis-à-vis de ces acteurs serait un véritable progrès pour le travail d'évaluation, à la fois en termes de qualité et de lisibilité. Par exemple, la chaire Sahel, financée par l'Agence française de développement, apporte bien plus à l'évaluation de notre impact que nos propres évaluations. Il est nécessaire de dynamiser l'action politique locale en associant plus étroitement les parlementaires étrangers à la problématique des financements internationaux. Enfin, la présidence de la commission me semble comporter un enjeu symbolique. Il serait intéressant de compter à la présidence une personnalité d'un pays bénéficiaire dotée des compétences requises d'évaluateur ou de financeur. Le défi porte aussi sur notre capacité à construire un nouveau type d'approche.