La tâche en matière de trafic d'espèces et de lutte contre le banditisme est immense L'enjeu de coordination est gigantesque. L'OCLAESP et l'OFB travaillent de concert. Dès qu'ils sont liés au trafic international, les dossiers remontés par l'OFB passent entre les mains des gendarmes de l'OCLAESP, qui a lui-même passé des accords avec les pays, au niveau international, pour mettre en commun les informations. Le commerce illégal d'espèces représente entre 7 et 23 milliards de dollars par an, ce qui est monumental. Ce trafic est à la fois hautement lucratif et malheureusement considéré comme parfois peu risqué. Il est difficile d'agir et de surveiller des territoires difficilement accessibles. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d'extinction (CITES) vise à éradiquer cette surexploitation commerciale. Le principe est de limiter les mouvements internationaux aux seuls spécimens bénéficiant de permis. Malheureusement, le trafic passe à travers les mailles du filet.
Des instruments sont mis à notre disposition. L'Union européenne a adopté en 2016 un vaste plan d'action pour réduire le trafic d'espèces sauvages, qui cependant reste fragile. Nous le constatons au quotidien, par exemple dans la lutte contre le trafic d'ivoire, même si aucun lien n'est démontré entre le marché de l'ivoire dans un lieu et le braconnage des éléphants en Afrique. L'Union européenne doit prendre des mesures plus fortes pour lutter contre ce commerce illicite, intra-européen, pour envoyer un signal et rappeler que nous ne pouvons accepter que de tels trafics viennent menacer des espèces en voie d'extinction. Cette mobilisation est nécessaire, mais les moyens nous semblent parfois un peu dérisoires, face à des organisations criminelles particulièrement créatives.
Concernant la gestion des forêts françaises, les moyens de l'ONF sont contraints. Cet opérateur doit trouver un modèle budgétaire et économique plus en phase avec les besoins, les attentes et la nécessaire évolution de la gestion forestière, au regard des impacts climatiques qui sont extrêmement inquiétants. La gouvernance et la nécessité de recréer localement un écosystème représentent aussi un vaste chantier. Les communes forestières, les particuliers, tous doivent pouvoir gérer de manière harmonieuse ce patrimoine forestier français, auquel nous sommes extrêmement attachés, et dont l'importance pour notre résilience et notre stratégie de lutte contre le réchauffement climatique est cruciale. Les forêts sont des poumons verts, a fortiori dans les zones urbaines et péri-urbaines, où les modes de gestion cohabitent et où les espaces doivent retrouver une forme de diversification.
La région méditerranéenne est à la fois extrêmement riche en matière de biodiversité et particulièrement exposée et vulnérable face aux changements climatiques et aux pollutions. Une multitude d'acteurs traitent ces questions, dans différentes enceintes nationales et internationales. Des groupes parlementaires sont aussi impliqués. Le Programme des Nations unies pour l'environnement, dans le cadre de la Convention de Barcelone, l'UpM et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour les questions relatives à la pêche travaillent ensemble pour sécuriser la zone et établir un plan d'action global. L'engagement est fort pour la préservation de la biodiversité, la promotion et le développement de la pêche durable, la lutte contre la pollution marine et la durabilité du transport maritime. Voilà qui demande de vraies coalitions avec tous les pays du bassin méditerranéen, et, de manière plus large, au niveau international. Le texte de l'Alliance pour la Méditerranée, élaboré par une dizaine d'États de la Méditerranée occidentale lors du One Planet Summit, est actuellement discuté ligne par ligne et engagement par engagement, avant qu'il ne soit adopté lors de l'UICN. Nous serons côte à côte pour la défense de cette cause.
Avec votre commission, nous allons enrichir ces sujets dans les mois à venir, pour être d'autant plus forts, mobilisés et organisés, pour défendre ces enjeux lors des grands sommets internationaux à venir. Tous les échanges avec les parlementaires sont les bienvenus. Je répondrai favorablement à vos invitations dans les mois à venir, car il nous faut être soudés pour avancer. Je vous remercie pour votre mobilisation et votre invitation.