Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mardi 12 octobre 2021 à 21h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères :

Je joindrai ma parole à celle de Françoise Dumas au sujet de la disparition d'Hubert Germain, Ceux d'entre vous qui connaissent mon itinéraire savent que j'ai été profondément engagé chez les jeunes gaullistes et que j'ai alors connu Hubert Germain. Il incarnait un héroïsme admirable, tranquille, bonhomme, dépourvu de volonté d'artifice ou de mise en valeur de soi-même. Il appartenait à cette catégorie d'hommes et de femmes politiques issus de la Résistance engagés dans des mouvements divers. D'une grande énergie, capables de prises de risque, d'engagement, d'indifférence au qu'en-dira-t-on, ils ont eu la volonté de faire ce qu'ils estimaient nécessaire pour le pays. Ce courage tranquille manque parfois à la société politique française. La disparition d'Hubert Germain, c'est la disparition d'un homme politique, mais j'espère que ce n'est pas celle de cette sensibilité, car nous en avons vraiment besoin.

J'en viens au sujet qui nous réunit et sur lequel je partage l'analyse de Françoise Dumas. On a parlé de stupeur et de sidération. Quelle est la définition du pervers ? C'est quelqu'un qui fait le mal en le sachant. En l'espèce, on pouvait tout remettre en cause, tout redéfinir, tout réanalyser. Nous sommes un grand pays prêt aux évolutions, mais la façon de traiter et de traîner des alliés dans cette espèce de complot et dans une trahison aussi profonde est inacceptable. Cette faute morale, qui est celle des Australiens, mais aussi, hélas, celle des Américains, nous a choqués bien plus profondément que la remise en cause du contrat en lui-même.

Quelles sont les perspectives de notre industrie d'armement, contrainte d'exporter ? Concernant les commandes, nous avons de bonnes nouvelles de la Grèce et une attitude positive de la part de l'Inde, mais comment un pays de dimension moyenne, doté d'une industrie d'armement performante, aux besoins relativement limités, peut-il assurer la permanence et le développement de son industrie ?

Quel est votre point de vue sur l'évolution du contexte géostratégique dans le Pacifique ? Comment se présente la confrontation entre les États-Unis et la Chine sur le plan des forces diplomatiques – sur qui pouvons-nous compter, sur qui les Américains peuvent-ils compter ? – et sur le plan du rapport de force militaire et stratégique ? Que signifie cette crise en termes de mutation stratégique ?

Enfin, on ne peut pas ne pas voir une relation directe entre ce qui s'est produit et les difficultés que nous avons rencontrées lors des réunions de l'OTAN, au printemps dernier. Dans la perspective de l'importante réunion d'Athènes sur le nouveau concept stratégique – la première étape ayant lieu à la fin du mois, à Rome –, nous sommes engagés dans un processus complexe et nous ne pouvons faire abstraction de l'évolution du contexte général. Nous avons manifestement des divergences d'appréciation sur le théâtre – l'Europe ou le monde –, sur le rôle – militaire ou politique – de l'OTAN et sur le degré d'autonomie des Européens par rapport aux Américains.

Nous avons fini par comprendre ce qui s'est passé, notamment le rôle pervers du Premier ministre australien, mais ce qui nous intéresse, c'est l'avenir.

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