Loin de moi l'idée de considérer que le partenariat avec le Royaume-Uni n'est pas précieux. Ce qui a été construit, depuis 2010, n'a pas vocation à disparaître. S'il va falloir réévaluer ce que nous avions l'ambition de construire ensemble, ce qui existe est un atout à préserver.
Le Brésil est notre premier partenaire stratégique d'Amérique latine. En 2008, nous avons signé l'accord intergouvernemental de développement du programme Prosub. Signé par Naval Group, il vise à fournir quatre sous-marins conventionnels de type Scorpène et à apporter une assistance à la réalisation d'un sous-marin nucléaire, en dehors de la partie nucléaire, puisque c'était une ligne rouge pour la France. La phase de conception a été achevée en mars 2017 et le programme se poursuit comme prévu.
Monsieur Maire, vous avez raison de souligner l'importance de l'océan Indien dans la zone indopacifique. C'est pourquoi nous avons approfondi notre partenariat avec l'Inde au cours des dernières années, avec laquelle nous coopérons en matière d'armement et entretenons un dialogue stratégique approfondi. Compte tenu de ses choix d'équipement militaire, nous réalisons des exercices d'entraînement avec la marine et l'armée de l'air indiennes. Nous avons une attention partagée sur les îles et les territoires de l'Est africain, dans la mesure où ils font aussi face à une présence chinoise de plus en plus appuyée. Nous avons de très nombreux intérêts communs et nous développons un dialogue qui, je le pense, s'étendra dans les années qui viennent.
Nous devons pousser l'idée d'une présence maritime coordonnée européenne en Indopacifique, mais il faut être conscient des conditions préalables. Nous éprouvons quelques difficultés dans la génération de forces, dimension essentielle, surtout lorsque les missions en question sont éloignées du territoire européen. Il faut que le dialogue soit très ouvert avec nos partenaires et permettre d'afficher la volonté des Européens de voir réaffirmer le droit international et la liberté de navigation. Je n'ai aucun doute sur la pertinence de l'initiative, encore faut-il que les Européens se donnent les moyens de déployer une présence maritime coordonnée dans un espace plus éloigné encore que ce que nous avons testé dans le golfe de Guinée, que nous pourrions étendre dans le golfe arabo-persique et que nous pourrions envisager dans l'Indopacifique.
Quelles solutions à long terme ? Avec qui ? Comment se renforcer mutuellement ? Nous avons évoqué des pistes pour retrouver le chemin de la confiance dans des relations bilatérales abîmées et pour continuer à préserver le multilatéralisme comme élément décisif pour la stabilité des relations internationales et d'un certain nombre de régions. Cela passe par une accélération de la construction de l'Europe de la défense. Je ne reviendrai pas nos ambitions dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne car cette contribution essentielle n'épuise pas le sujet. Il faudra aussi régler les relations entre l'Union européenne et l'OTAN, car tout effort supplémentaire des Européens dans le domaine de la défense ne doit pas être perçu comme une forme de mise en cause ou d'affaiblissement de l'Alliance atlantique. C'est pourquoi nous avons besoin d'approfondir le dialogue avec les États-Unis, afin qu'ils considèrent que les efforts accomplis par les Européens pour leur propre sécurité constituent une contribution de nature à renforcer l'Alliance atlantique elle-même.