Vous ne serez pas surpris d'entendre que je ne compte pas voter cette ligne budgétaire : elle est l'occasion de récitations bien connues qui nous font passer à côté d'événements tout à fait considérables. L'événement n'est pas que l'on ait voté des décisions absurdes concernant le plan de relance – lequel n'en est pas un – mais que se multiplient depuis des mois des phénomènes de désagrégation qui devraient nous faire réfléchir.
La désagrégation est tout d'abord idéologique, les États égoïstes ayant refusé le financement de l'Union européenne par des fonds propres. À l'inverse, nous pensons pratiquement tous ici que c'est justement sur cela qu'elle devrait reposer. Au demeurant, c'était le cas autrefois, avant que l'on abolisse les droits de douane, inversant ainsi les financements : hier, c'était les droits de douane d'abord, la contribution des États ensuite ; désormais, c'est la contribution des États, point final. Nous sommes dans une impasse. Les États égoïstes ne vont pas lâcher prise et leurs nombreuses déclarations, dont les connotations antifrançaises ne m'ont pas échappé, sont là pour nous le rappeler.
Le blocage est également principiel. C'est beaucoup plus fondamental car l'Union n'a de sens que par rapport aux principes qu'elle défend. La Pologne et la Hongrie, et même des cours constitutionnelles la remettent en cause, avec l'assentiment bien imprudent d'un certain nombre de personnes. Si la règle pacta sunt servanda n'est plus respectée, il n'y a plus de traité international possible ! Nous sommes vraiment dans une situation très difficile.
Il y a également eu des lâchages, et je veux que cela soit dit et entendu dans cette commission. L'attitude du gouvernement allemand dans le domaine spatial est inadmissible, et son choix de lancer ses petits lanceurs depuis la base de Kiruna, en Suède, est même un coup de poignard dans le dos.
Je ne suis pas d'accord avec la hausse de 30 % du prélèvement européen intervenue à la suite du Brexit : nous, Français, payons plus que les autres parce que nous régalons la tablée entière de rabais de toutes sortes. Nous continuons à payer 7 milliards de plus : je suis contre. Les rabais ont été augmentés pour les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et l'Autriche : je suis contre, parce que c'est nous qui payons. De plus, tout cet argent est fort mal géré : le budget européen, d'année en année, prend des retards sur les engagements pris mais non soldés aux États. Nous sommes passés de 189 milliards en 2014 à 300 milliards aujourd'hui. Si un seul État-nation se comportait ainsi dans le cadre de l'Union, il se ferait tirer les oreilles. L'Union, elle, le fait sans que cela ne dérange personne.
En conclusion, je ne crois pas à ce plan de relance. Les 40 milliards qui seront mis à la disposition de la France ne seront pas payés par des fonds propres mais par les États-nations au prorata de leur contribution au budget. La France recevra 40 milliards mais devra en rembourser 66 ! Je vote contre.