Je voudrais, à l'instar de ce qui a été dit, m'associer à l'hommage qui a été rendu à nos treize soldats morts au Mali. Ceci nous renvoie dix ans en arrière, après l'embuscade de la vallée d'Uzbin où dix de nos soldats, dont huit du 8e régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMa) de ma ville de Castres, étaient tombés. Ceci nous montre avec un certain écho combien ces questions de défense, de sécurité et de lutte contre le terrorisme sont éminemment importantes.
Je ne vais pas revenir sur l'assemblée parlementaire de l'OTAN, son rôle ; 270 parlementaires venant des 29 pays membres de l'Alliance, 18 parlementaires français, 11 députés, 7 sénateurs, et le travail que nous essayons de conduire ensemble pour faire valoir les options des parlements et pas un contrôle, mais en tout état de cause, certaines visions parlementaires sur les questions des enjeux de l'Alliance.
Je voudrais revenir sur la déclaration du Président de la République. Il a eu des mots forts, un certain nombre de formules-chocs qui ont eu le mérite de souligner vis-à-vis de l'opinion la nécessité de poser des questions et un débat par rapport à l'OTAN. Cette interview n'était pas uniquement ces mots forts, c'était une vision globale et géostratégique.
Le monde est toujours plus instable et dangereux. Un réarmement est en cours un peu partout et il est indispensable de continuer à faire des efforts pour notre sécurité. La France assume sa part de responsabilité au travers de la loi de programmation militaire qui ouvre la perspective d'atteindre un budget de défense à hauteur de 2 % du produit intérieur brut (PIB), et on sait que c'est quelque chose d'essentiel et de fondamental pour l'avenir. Ceci étant dit, il y a un certain nombre de questions que le président a posées et que nous nous sommes posées au sein de l'assemblée parlementaire de l'OTAN. Ce sont tout d'abord les questions relatives à l'article 4 et à l'article 5, qui sont les deux pivots, les deux éléments essentiels de l'Alliance. L'article 4 stipule qu'un allié, avant de prendre une décision, quelle qu'elle soit, doit consulter les autres alliés, doit les informer, tout au moins. On s'aperçoit que l'un des principaux alliés, les États-Unis, au regard de ce qui s'est passé en Syrie est un condensé de ce qu'il ne faut pas faire, c'est-à-dire prendre une décision unilatérale sans avoir ne serait-ce qu'informé les autres alliés.
Le deuxième point qui interpelle a trait à l'article 5 et à la notion de solidarité. La crédibilité de l'Alliance reposera sur le fait que nos adversaires potentiels n'auront pas de doute sur notre capacité de nous engager collectivement au nom du « tous pour un, un pour tous » dans le cadre de cet article. Malheureusement, un certain nombre de déclarations ici ou là pourraient laisser penser le contraire, ce qui, à certains égards, peut avoir un certain nombre de conséquences pour l'Alliance.
En conséquence, il nous paraît fondamental de poursuivre l'effort de réarmement du pilier européen de l'Alliance de telle sorte que nous ayons une certaine autonomie et une certaine capacité de décision. Vis-à-vis de l'industrie de la défense, cela constitue certainement un changement. Nul n'est tout à fait empreint de cécité au regard de la stratégie menée par les États-Unis en la matière, qui voit aussi l'OTAN comme un moyen de favoriser ses exportations d'armement en Europe, avec tout ce que cela comporte. Au-delà de cela, un des enjeux essentiels de l'Alliance est la nécessité d'avoir une vision équilibrée entre les deux pôles. Un certain nombre de pays de l'Alliance ne voient qu'une menace russe à l'est, mais le flanc sud reste fondamental pour notre sécurité. La prise en considération de ce flanc sud est un enjeu majeur pour nous, pour que des opérations que nous menons au Sahel, qui sont des opérations d'alliés, peut-être un jour deviennent des opérations de l'Alliance.