Intervention de Marianne Dubois

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarianne Dubois :

L'initiative de cette audition s'inscrit dans une actualité particulièrement lourde en matière militaire. Le groupe Les Républicains (LR) souhaite se joindre aux hommages rendus à nos treize soldats morts lundi soir au Mali lors d'une opération de combat menée contre des groupes djihadistes.

En deux semaines, c'est la seconde fois que l'OTAN est présente au sein de nos débats à l'Assemblée. La semaine dernière, l'Assemblée nationale a ratifié le protocole permettant à la Macédoine du Nord de devenir le trentième État membre de l'Alliance. L'intervention de la Turquie, notre allié au sein de l'Alliance, au nord de la Syrie un mois auparavant a remis l'OTAN, son utilité et sa finalité même au cœur des débats. Ce débat, qui nous paraît particulièrement utile, vient du Président de la République lui-même. En effet, dans un entretien à l'hebdomadaire The Economist daté du 7 novembre 2019, Emmanuel Macron a évoqué la « mort cérébrale » de l'OTAN du fait du désengagement des États-Unis vis-à-vis de ses partenaires et du comportement dangereux de la Turquie dans une zone particulièrement sous tension. Des mots qui sont particulièrement forts, peu diplomatiques, et qui n'en sont pas moins justes et intéressants ; ils doivent nous pousser à une réflexion de fond sur l'avenir de l'OTAN.

En tant que membre de l'assemblée parlementaire de l'OTAN, je constate l'attractivité que l'Alliance exerce sur un nombre important de nos partenaires. En témoignent les réponses parfois sèches de nos partenaires aux remarques du Président de la République. Je constate aussi ce qui me semble être un décalage entre nos forces armées et les instances politiques des pays membres. Les forces armées qui composent l'Alliance travaillent, coopèrent, échangent, s'entraînent, combattent parfois, de manière, semble-t-il, particulièrement fluide et naturelle. L'appartenance à l'Alliance est une donnée parfaitement intégrée pour nos forces qui se posent moins de questions que les différents gouvernements des États membres qui la composent. Nous leur devons, parce que ce sont elles qui sont sur le terrain, un soutien et une stratégie claire. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre un hypothétique revirement de stratégie de nos alliés américains. Ce revirement n'arrivera pas, que le président Trump soit réélu ou pas dans un an. Nous soumettre aux résultats des élections présidentielles est déjà une forme de renoncement. C'est à l'Europe de prendre en main sa défense et sa sécurité. 22 des membres de l'OTAN sont déjà membres de l'UE, et nous y sommes très largement majoritaires.

La France paie largement le prix du sang, ce qu'elle a encore prouvé lundi, pour défendre l'Union européenne des dangers du djihadisme dans la bande sahélo-saharienne. Notre armée se bat au quotidien. Elle sait pourquoi elle le fait, mais c'est aux instances politiques de lui donner des finalités et des objectifs clairs. Le groupe des Républicains appelle de ses vœux un dialogue ferme et constructif au sein de l'Alliance. Si le Président de la République parvient à faire bouger ces lignes avec diplomatie, il aura notre soutien.

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