Intervention de Olivier Becht

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Je pense qu'il est utile de rappeler d'abord que les questions que nous nous posons aujourd'hui ne remettent pas en doute le caractère d'allié que sont pour nous les États-Unis d'Amérique. Les États-Unis sont des alliés historiques. Ils savent ce qu'ils doivent à la France dans leur fondation et nous savons ce que nous devons aux États-Unis dans la liberté qui est la nôtre encore aujourd'hui. Les doutes sur l'OTAN ne sont pas des doutes sur les États-Unis d'Amérique, mais plus une volonté du président des États-Unis d'Amérique actuel, Donald Trump, lorsqu'il a exprimé des réserves sur l'article 5 de la charte de l'Atlantique Nord en disant : « est-il est bien nécessaire d'aller mourir pour le Monténégro ? »

Personnellement, je ne sais pas si l'OTAN est en état de mort cérébrale, mais ce qui est certain, c'est que les doutes existent. Ce doute est inquiétant, évidemment, parce que si les ennemis de l'OTAN ont disparu, les menaces, elles, demeurent. Vous avez cité la Russie, qui a été traitée comme une vaincue de la guerre froide et qui a soigné en quelque sorte son humiliation par une politique impérialiste dont les conséquences géopolitiques sont aujourd'hui réelles ; nous l'avons vu en Géorgie, nous l'avons vu en Crimée. Nous le voyons actuellement au Donbass avec d'autres menaces sur les pays baltes ou sur d'autres pays de l'ex-bloc soviétique. Vous avez cité la Turquie, qui est aux portes des communautés européennes depuis 1963, et qui elle aussi soigne ce qu'elle a considéré comme étant un mépris des Européens par une politique impérialiste dont les effets déstabilisateurs sur le bassin méditerranéen sont évidents ; on le voit encore actuellement en Syrie. Bien sûr, il y a le terrorisme – vous l'avez cité tout à l'heure – avec les risques de déstabilisation sur l'ensemble du continent africain, dont nous voyons bien que les effets, notamment en termes de migration, mais également en termes économiques, peuvent être importants sur l'Europe.

Face à cela, je pense qu'il est utile – en tout cas, c'est la volonté du groupe UDI, Agir et indépendants – de réaffirmer un certain nombre de positions. Premièrement, les États-Unis sont pour nous des alliés indéfectibles parce que nous partageons une même vision du monde et des valeurs communes ; c'est quand même ce qui est aujourd'hui le plus important dans les relations internationales. Nous sommes évidemment favorables à ce qu'il puisse y avoir non seulement une défense européenne autonome, mais pourquoi pas un jour une armée européenne, à condition bien sûr qu'elle soit accompagnée d'une démocratie européenne, parce qu'une armée ne peut pas aller au combat s'il n'y a pas de chef et de décisionnaire et s'il n'y a pas derrière un peuple pour lequel elle combat. Nous sommes face à la nécessité pour l'Europe de trouver également des coopérations avec la Russie et la Turquie ; nous le croyons nécessaire, notamment dans le cadre du Conseil de l'Europe parce que l'on ne peut pas avoir deux grands peuples qui ont également une grande histoire comme voisins si l'on n'a pas une stratégie à leur égard. Cette stratégie ne peut pas être simplement défensive et militaire. Elle doit être proactive pour faire en sorte que nous trouvions ensemble les moyens d'affirmer la paix dans le XXIe siècle.

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