Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

En ce qui concerne la position du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et des députés communistes, vous la connaissez également. Vous savez que dès l'origine, nous étions contre cette organisation et ce traité de l'Alliance atlantique, mais, aujourd'hui, démonstration est faite que ce qui a été porté et dit pendant des décennies se démontre. Il n'y a plus personne, en tout cas, je n'en ai pas entendu ce matin, pour faire la démonstration que les Américains n'étaient pas la tutelle de l'OTAN. Il n'y a plus personne, en tout cas, je n'en ai pas entendu ce matin, pour nous expliquer que tout ce qui est dit sur les achats d'armes, sur le contrôle par les États-Unis de l'ensemble des communications, sur les décisions concernant les interventions de l'OTAN, ne sont pas sous l'autorité du président des États-Unis. Il n'y a personne pour l'avoir dit. En tout cas, je ne l'ai pas entendu dans cette salle.

Aujourd'hui, il n'y a plus la menace de l'Union soviétique et nous n'avons pas comme ennemi la Russie – jusqu'à preuve du contraire – même si les Américains, eux, peuvent avoir comme ennemi la Russie, mais ce n'est pas le cas de la France ou l'Europe. Nous considérons qu'il faut aussi travailler et œuvrer au désarmement nucléaire avec force, puisque l'OTAN est un outil aussi de déploiement de l'arme atomique sur le sol européen, et notamment de l'arme atomique américaine. Des missiles, jusqu'à preuve du contraire, sont préprogrammés avec des objectifs – quels sont-ils ? – sur le sol européen. Vers qui sont tournés les missiles nucléaires qui y séjournent ? Vers qui doivent-ils intervenir, puisque nous n'avons pas d'ennemi à proximité ? Une multitude de questions concernant la paix, concernant les relations internationales, est posée avec la question de la présence dans l'OTAN. Nous souhaitons les poser en ces termes-là.

L'OTAN est un bras armé que l'on peut, que l'on doit, peut-être, utiliser lorsque les relations diplomatiques ne permettent plus de garantir la paix, la liberté, ou les valeurs qui sont censées nous réunir dans l'OTAN. Quelle est la diplomatie correspondant au bras armé de l'OTAN ? Qui ? L'ONU ? Dans l'état où cette organisation se trouve, y compris par l'attitude des Américains, on s'aperçoit que ce n'est pas l'outil diplomatique. L'Europe, outil diplomatique ? La puissance diplomatique de l'Europe – quelqu'un peut-il nous la démontrer ce matin ? – pourrait conduire éventuellement à la construction d'une armée européenne, qui répondrait à l'espace et à la volonté diplomatique de l'Europe. Chacun sait bien que nous n'en sommes pas là, et qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire. D'ailleurs, il faudrait que les peuples européens décident de franchir ce pas à la fois de l'outil diplomatique en parlant au nom de tous, légitimement, et de l'outil militaire puissant, protégeant l'Europe et répondant aux attentes de tous derrière la diplomatie. Nous voyons bien ce matin que nous n'en sommes pas encore là.

Nous n'avons pas d'ennemis. Nous n'avons pas encore de diplomatie européenne. Nous n'avons pas de diplomatie internationale de niveau suffisant et en termes de non-domination de quelque État que ce soit. La question de l'existence même de l'OTAN est posée avec force. Ce débat-là, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine pense qu'il doit être posé au niveau des peuples. Nous pensons que le peuple français doit avoir l'opportunité de dire au regard de tout ce que nous avons vu ces quinze dernières années si nous décidons de rester dans l'OTAN ou pas. Œuvrons-nous réellement à la création d'un autre outil, ou pas ? Décidons-nous de poursuivre le désarmement nucléaire, ou pas ? Ces questions relèvent de la décision du peuple et pas uniquement de la décision du Parlement ou du Président de la République, même si parfois, on nous explique que c'est le domaine réservé du Président de la République. Non, c'est le domaine réservé du peuple. La question de la bombe atomique, nous savons tous ici et maintenant que nous allons dépenser plus de dix millions d'euros pour la modernisation de notre bombe atomique et chaque jour pendant cette année. La question d'un référendum qui permettrait au peuple français de se prononcer sur ces enjeux qui le concernent en premier parce que cela concerne la paix et donc son avenir est posée. Les députés communistes et le groupe de la Gauche démocrate et républicaine pensent que ce débat doit se poursuivre, mais en allant plus loin, notamment en abordant ces questions.

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