Intervention de Frédérique Dumas

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédérique Dumas :

J'ai un point de vue un peu différent de ce qui s'est exprimé, puisque je ne partage pas celui de ceux qui approuvent les propos du Président de la République. Je pense que ce n'est pas juste ; il n'y a pas de mort cérébrale. On peut déplorer des rapports de force qui ne conviennent pas, mais je pense que certains peuvent les exercer. Ce n'est pas la meilleure manière de bouger les lignes puisque cela a créé les deux choses que l'on redoute la plupart du temps : la France est souvent perçue comme arrogante et deuxième chose, c'était dans un contexte. Le président a parlé de la nécessité d'une alliance stratégique avec la Russie. Or, comme cela a été rappelé, ce n'est pas partagé par l'ensemble des pays, notamment de l'Union européenne, et à l'intérieur de l'OTAN. Ce n'était pas la meilleure manière de ne pas créer un climat anxiogène pour certains pays.

Je rappelle aussi que les Américains ne sont pas si peu présents en Europe. J'ai cru comprendre que Donald Trump avait annoncé un exercice militaire important en avril-mai où il va transporter 20 000 hommes en Europe pour montrer, notamment aux pays de l'Est, que l'Amérique est bien présente à leurs côtés. Je pense que ce n'est pas aussi blanc et noir.

Le Président de la République a lui-même, quelque temps après, parlé du fait que la France était un pilier de l'OTAN donc c'est un peu contradictoire, et je pense qu'évidemment la Turquie est aussi un pilier de l'OTAN. On peut dire tout ce que l'on veut, nous avons passé un accord en 2016 sur 3,5 millions, voire 4 millions de réfugiés. Nous sommes pris en otage par cet accord, notamment. Nous avons organisé notre propre impuissance.

Vous avez, général, parlé du fait que la Turquie voyait d'un mauvais œil un accord stratégique privilégié de l'Union européenne avec l'Angleterre. Je ne connaissais pas ce projet. Pourriez-vous préciser pourquoi et comment ?

Pour aller aussi dans le sens des interventions, j'ai le sentiment que si l'on veut donner trop d'ambition à l'OTAN, à travers notamment des projets politiques et autres, on n'y arrivera jamais. Les choses que l'on peut constater, c'est qu'il y a deux désaccords sur la perception des menaces, comme vous l'avez aussi évoqué ; ceux qui ont le sentiment que la menace vient plutôt de la Russie – malgré les propos de mon collègue, certains le pensent – et ceux qui pensent que cela vient plus de la Méditerranée et du terrorisme. Ne pourrait-on pas se mettre d'accord ensemble sur le partage des menaces des uns et des autres ? Ce n'est pas en mettant en avant les menaces que nous percevons nous-mêmes que les autres seront d'accord avec nous, ni l'un ni l'autre. Si nous pouvions juste nous mettre d'accord de manière pragmatique sur notre sécurité et donc faire partager par les uns et les autres nos problèmes respectifs, ce serait peut-être un chemin vers une alliance. À la différence de certains de mes collègues, je pense que si nous devons assurer notre sécurité, il est évident que nous avons besoin de l'OTAN. Il n'y a pas d'autre alternative aujourd'hui que l'OTAN sur le caractère opérationnel immédiat pour maintenir et préserver la sécurité.

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