Intervention de Valérie Boyer

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Je réitère toute ma compassion pour nos valeureux enfants qui sont tombés au Mali.

Effectivement, aujourd'hui, nous devons nous interroger sur l'OTAN après avoir été si silencieux pendant de longues années, notamment par rapport à la Turquie. Je sais que mes collègues de la commission des Affaires étrangères sont peut-être lassés de mes multiples interventions sur la Turquie, mais Monsieur Bentégeat, vous venez de le dire, comment, aujourd'hui, pouvons-nous considérer que ce pays porte le nom d'allié ? Un pays qui n'est pas en phase avec sa mémoire et qui est même dans le négationnisme. Un pays qui occupe un État de l'Union européenne, je parle de Chypre et d'ailleurs, tout le monde – je vais être triviale – s'en fichait de Chypre ou avait totalement oublié que Chypre était occupée par la Turquie, dans des conditions en plus particulièrement dures sur le plan des droits humains et des droits des femmes. Il faut quand même ne pas l'oublier. M. Erdogan s'est rappelé à notre bon souvenir en fêtant la libération de Chypre du Nord récemment, puisqu'aucune provocation ne lui échappe. Je ne vais pas revenir sur l'ambiguïté de la Turquie lors de la guerre en Irak et en Syrie, du massacre des Kurdes et des menaces quasi quotidiennes qu'il fait vis-à-vis de l'Union européenne.

Notre problème aussi, c'est l'Allemagne, qui négocie seule avec la Turquie, souvent en passant par-dessus notre tête, et notamment, qui a négocié seule cet accord pour les réfugiés. Ensuite, la France est allée à la rescousse des engagements totalement incohérents de l'Allemagne vis-à-vis de la Turquie. Je m'interroge sur la crédibilité de nos alliances. Pourquoi aujourd'hui la France est-elle seule à porter le fardeau et le fardeau du prix du sang pour défendre nos frontières ?

Par ailleurs, quelle est notre cohérence vis-à-vis de la Russie qui est toujours considérée comme un ennemi, comme si nous faisions fi de l'évolution du monde ? Quelle est notre boussole ? Quelle est notre stratégie ? Aujourd'hui, rien ne se décide. Il y a une confusion sur la notion d'armée européenne qui est largement entretenue et que le débat sur les élections européennes a aggravée. Nous faisons face à une diplomatie brouillonne, sans cohérence, et même parfois arrogante, à l'isolement de la France. J'en veux pour preuve l'autre jour Mme Merkel qui tançait vertement notre Président de la République en lui disant qu'elle en avait assez qu'il se fâche avec elle et qu'ils se réconcilient pour qu'ils puissent prendre le thé ensemble, pour recoller les morceaux. Franchement, je ne comprends pas où nous en sommes aujourd'hui. Quelle est notre vision ? Je sais que la France est isolée et qu'elle est la seule à payer le prix du sang au Mali.

Ma question est : quelle attitude vis-à-vis de la Turquie aujourd'hui avec probablement un des dirigeants les plus dangereux de la planète à sa tête, M. Erdogan, qui a une diplomatie prévisible ? Nous le savons, mais nous ne réagissons pas. Aujourd'hui, quelle attitude de la France dans l'Union européenne sur l'évaluation des périls et des menaces ? La France puis l'Union européenne et enfin l'OTAN. C'est peut-être cette hiérarchie qu'il faudrait préserver pour essayer d'y voir plus clair et surtout pour défendre nos intérêts, notre intégrité, et la place de la France dans le monde.

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