Intervention de Laurent Furst

Réunion du mardi 3 décembre 2019 à 17h35
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Furst :

Une vision française est sympathique, mais lorsque nous parlons d'Europe, la vision allemande et de certains pays d'Europe de l'Est vis-à-vis de la Russie me semble particulièrement lourde de sens. Nos analyses sont sympathiques, mais ne pas les mâtiner d'une vision allemande me semble être un peu éloigné de la réalité.

Par ailleurs, la Russie n'est-elle pas un « faux dur » ? N'est-elle pas un vrai « tigre de papier » ? Aujourd'hui, son PIB est entre celui de l'Espagne et de l'Italie, sa population baisse avec moins 200 000 habitants, les jeunes talents quittent le pays vers l'Angleterre et les États‑Unis. 55 % des exportations de la Russie – la rente pétrolière, gazière et charbonnière – va vers l'Europe. Nous sommes dépendants de la Russie, mais ils sont dépendants de nos achats. L'activité et l'économie russe fluctuent en fonction des cours mondiaux des énergies. Quand les cours sont bas, l'économie russe va particulièrement mal.

C'est un tigre de papier, mais un tigre de papier agressif, parce que le régime est agressif. À la commission de la Défense, nous le constatons lorsque des avions russes pénètrent dans l'espace aérien français, lorsque des sous-marins viennent taquiner en Méditerranée, le port de Toulon. C'est l'expression de ce pays : « j'existe, je veux exister et je vous démontre que j'existe ». Cependant, la réalité objective et factuelle sur la démographie et sur l'économie est là. Dans vingt ans, ce pays sera le produit de son économie, de sa réalité démographique, de strictement rien d'autre et certainement pas de l'ambition d'un régime finissant.

Qu'est-ce qui nous sépare aujourd'hui de la Russie ? Principalement les conflits qui se déroulent autour de la mer Noire : la Transnistrie, le Donbass, la Crimée, l'Abkhazie et l'Ossétie. Sur ces conflits, pouvons-nous avoir une vision européenne, trouver une solution pour que ce ne soit plus un point de désaccord suffisant pour ne pas coopérer avec la Russie ? Vous avez évoqué la Crimée, mais pas les autres conflits, ce que l'on appelle les « frozen conflicts ». Nous sommes face à des enjeux absolument considérables. Notre avenir ne se joue-t-il pas en grande partie autour de la mer Noire ?

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