Chers collègues, nous allons démarrer par la désignation des co-rapporteurs et des membres de la mission d'information sur l'approvisionnement et la politique d'achat du ministère des Armées en petits équipements, dont la création a été décidée lors de notre dernière réunion de bureau. En accord avec la répartition entre groupes politiques décidée par celui-ci, nous avons reçu pour la fonction de co-rapporteurs les candidatures de M. Jean-Pierre Cubertafon, pour le groupe du Mouvement démocrate et apparentés (MoDem) et apparentés, et celle de M. André Chassaigne, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR). Les groupes nous ont transmis les candidatures suivantes pour les membres de cette mission d'information : Mme Séverine Gipson et M. Jean-Michel Jacques pour le groupe La République en marche (LaREM), Mme Josy Poueyto pour le groupe Modem et apparentés, M. Joachim Son-Forget pour le groupe Union des démocrates et indépendants (UDI), Agir et indépendants, ainsi que Mme Manuéla Kéclard-Mondésir pour le groupe GDR. Les autres groupes sollicités n'ont pas proposé de candidats. S'il n'y a pas d'opposition, il en est décidé ainsi.
Nous abordons une nouvelle séance de notre cycle géostratégique commencé il y a trois semaines. Après l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et la Russie, nous allons nous intéresser à la question de la puissance chinoise. « Nous sommes conscients que l'influence croissante et les politiques internationales de la Chine présentent à la fois des opportunités et des défis. » Par cette phrase extraite de la déclaration de Londres du 4 décembre dernier, les dirigeants de l'OTAN reconnaissent pour la première fois la montée en puissance de la Chine comme un défi auquel il importe à l'Alliance de savoir répondre.
Il est vrai que la Chine a profondément évolué ces dernières années. Théorisant et proposant au monde une double rupture avec la démocratie libérale et l'ordre international d'après-guerre, Xi Jinping tente d'imposer au reste du monde la vision chinoise d'un nouvel ordre international dans lequel la Chine jouera un rôle hégémonique. Cette ambition mondiale a été incarnée dans l'initiative des « nouvelles routes de la soie » lancée en 2013 et répond à la fois à des enjeux politiques, stratégiques, d'influence et de projection, ainsi qu'économiques, de sécurisation des approvisionnements et d'ouverture des marchés.
Cette ambition va de pair avec l'affirmation d'une puissance militaire reconnaissable sur l'ensemble du globe. La Chine poursuit ainsi l'appropriation de son environnement proche en consolidant la militarisation de la mer de Chine méridionale, ce qui a pour conséquence la multiplication des tensions avec le Vietnam notamment, mais plus généralement avec l'ensemble des pays de la zone. La Chine met également en œuvre une diplomatie de défense qui se veut plus efficace, envoie l'armée populaire de libération se déployer sur tous les continents et toutes les mers de plus en plus longtemps. Djibouti ne restera vraisemblablement pas longtemps la seule base militaire chinoise à l'étranger.
Les autorités chinoises appellent régulièrement la France à être un pont entre la Chine et l'Europe. Elles mettent en avant la qualité de la relation bilatérale de confiance et d'amitié entre les deux pays. La question est de savoir comment la France, et plus largement l'Europe, peuvent à la fois développer avec la Chine des relations sans complaisance, notamment en ce qui concerne la Charte des Nations unies et la Déclaration des droits de l'Homme, défendre leurs intérêts et impliquer Pékin dans leurs objectifs concrets, par exemple la dénucléarisation de la péninsule coréenne, le maintien de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, ou encore la mise en œuvre des décisions multilatérales.
Pour débattre avec nous de cette thématique, nous accueillons trois spécialistes de la Chine, et plus globalement de cette région du monde : Mme Alice Ekman, analyste responsable de la Chine et de l'Asie à l' European Union institute for security studies (UISS), développera la stratégie de la puissance de la Chine et les défis qu'elle nous pose. M. Antoine Bondaz, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), s'attachera plus spécifiquement aux questions militaires et aux conflits dans lesquels la Chine est impliquée. M. Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur associé à l'Institut Thomas More, en charge de l'Asie orientale, fera un point prospectif en évoquant notamment les formes de dialogue à privilégier.