C'est sur votre lecture exégétique du discours du président de la République que portent mes interrogations, même si vous y avez partiellement répondu dans vos réponses faites à M. Chassaigne. Vous avez évoqué les deux versants de la dissuasion nucléaire, une dissuasion disons plutôt agressive qui concernerait la Russie et l'Inde, que vous avez qualifiée de nationaliste, et une dissuasion plutôt d'ordre défensif qui concernerait plutôt la France si j'ai bien compris et dont il faudrait s'honorer. Mais, pour revenir sur le discours d'Emmanuel Macron, la question qui me paraît essentielle est celle de la souveraineté nationale et de l'indépendance stratégique de la France. En effet, on peut s'interroger sur les concepts introduits par Emmanuel Macron – qui a l'art d'introduire des concepts. Le concept de dialogue stratégique au sein de l'Union européenne et celui de la dissuasion élargie ne vont-ils pas à l'encontre de l'idée même de la souveraineté, en tout cas telle qu'elle pouvait être conçue par le général de Gaulle, où seul le président élu par le peuple a le pouvoir d'user de la force de frappe ?
Le deuxième point concerne le démantèlement de la filière nucléaire civile dans le cadre de la transition énergétique. Ne faut-il pas s'attendre, et peut-être s'en inquiéter, à ce que cela rejaillisse tôt ou tard sur le nucléaire militaire, garant de notre sécurité ultime ?