Intervention de Geneviève Darrieussecq

Réunion du vendredi 17 avril 2020 à 15h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Geneviève Darrieussecq, ministre :

Parmi les militaires qui participent à l'opération Barkhane et, de manière générale, aux opérations extérieures, ceux qui présentent des symptômes sont testés afin que nous puissions les prendre en charge de la manière la plus adaptée possible. Cela nous a d'ores et déjà conduits à procéder d'ores et déjà à quelques évacuations.

Seule une partie de l'équipage du Dixmude, soit une douzaine de marins – les équipages d'hélicoptères, les équipes de désinfection et un officier de liaison –, sera testée, parce que tous les autres membres de l'équipage ne viendront pas à terre et resteront confinés sur le navire.

Le ministère des armées n'a pas été sollicité pour tester l'application qui pourrait être utilisée à l'issue du confinement, et dont le développement se poursuit.

Nous allons examiner les éventuels retards, s'il y en a, que pourraient prendre certains programmes ainsi que leurs conséquences et nous étudierons, le cas échéant, la possibilité d'accélérer, en contrepartie, d'autres programmes. Mais nous y reviendrons ultérieurement, car nous n'avons pas encore une vision complète des retards que nos industries de défense seront capables de rattraper et de la montée en puissance qu'elles seront en mesure d'assurer dans les prochaines semaines.

Le ministère des armées dispose du premier budget d'investissement de l'État ; celui-ci est donc potentiellement un outil au service du soutien de notre économie. Mais il n'est pas temps de préjuger des arbitrages budgétaires. Nous nous inscrivons dans le cadre de la loi de programmation militaire ; nous verrons quelles leçons doivent être tirées de cette très grave épidémie ; je ne veux pas me prononcer par anticipation. En tout état de cause, nous avons à cœur de tirer le meilleur parti des outils dont nous disposons pour soutenir la base industrielle et technologique de défense.

Nos capacités opérationnelles ne sont en aucun cas neutralisées par ce virus. Certaines d'entre elles – je pense au Charles de Gaulle – peuvent être temporairement placées en décontamination ; pour le reste, nos forces continuent d'assurer la défense avancée de notre territoire en mer, sous les mers, dans les airs et sur terre. Les opérations extérieures au Levant et au Sahel se poursuivent activement.

Le Président de la République a indiqué ce matin que nous ne savions sans doute pas tout ce qui s'était passé en Chine. Le virus est d'abord une calamité, et non une arme ; il faut se garder, là encore, des procès inutiles.

Une réunion de l'Initiative européenne d'intervention s'est tenue fin mars. C'est dans ce cadre qu'est née l'idée de concevoir une coopération européenne dans les Antilles, regroupant la France, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne. C'est un bon exemple de ce que nous pouvons faire concrètement ensemble en cas de crise. Nous avions déjà eu l'occasion d'intervenir conjointement avec les Pays-Bas en 2018, lorsque les ouragans avaient frappé les Bahamas. Nous n'avions peut-être pas imaginé le scénario d'une épidémie, mais nous avions prévu celui de catastrophes naturelles. L'Union européenne aura un rôle important à jouer au sortir de la crise.

Plus de 150 projets sont en cours d'instruction dans le cadre de l'appel à projets lancé par l'AID dès le 19 mars. Je rappelle par ailleurs le rôle très important joué par la DGA et son laboratoire NRBC de Vert-le-Petit en testant les textiles qui serviront à confectionner les masques grand public en cours de production. Nous nous sommes efforcés de mobiliser nos trésors d'expertise et de savoir-faire pour les redéployer au service des besoins les plus urgents de la nation.

Les bonnes décisions ont-elles été prises, notamment par le commandement de la marine nationale, s'agissant du départ du Charles de Gaulle de Brest ? Nous avons diligenté des enquêtes pour pouvoir répondre de manière précise à ces questions. Ce que je peux dire dès à présent, c'est que le porte-avions a quitté son escale de Brest le 16 mars au matin : le Président de la République n'est intervenu que le soir. Sa décision concernant le confinement n'était donc pas connue de l'équipage, non plus que de nous tous.

Geneviève Darrieussecq et moi-même nous tenons à l'entière disposition de votre commission. Un tel exercice est indispensable dans le contexte actuel.

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