Intervention de le général d'armée François Lecointre

Réunion du mercredi 22 avril 2020 à 14h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général d'armée François Lecointre, chef d'état-major des armées :

Je suis incapable de dire si les services de renseignement ont été destinataires d'une information faisant état de l'ampleur des contaminations en Chine. Je n'ai pas d'éléments à donner à ce sujet.

L'emploi des réservistes a été poursuivi en respectant les gestes barrière, selon une culture militaire faisant la part entre risques encourus et missions à remplir. Le même principe s'applique à la préparation opérationnelle des forces qui seront engagées dans les relèves. Les armées sont en mesure de faire face aux besoins en hommes, mais il est important de mettre à profit l'élan généreux des réservistes et de recourir à cette force pour les missions sur le territoire national, et j'ai donné aux OGZDS des directives en ce sens.

Une frégate est déjà engagée dans l'opération Irini et une autre le sera en mai. Des vols de surveillance maritime et de renseignement seront assurés par des Falcon 50. Des équipes de visite embarquées à bord de la frégate La Provence, en mission dans le canal de Syrie, sont en mesure d'intervenir à bord d'un navire. Si l'Europe va au bout de sa détermination, elles pourront, sur la base des informations fournies, effectuer des visites de bâtiments de commerce, y compris battant pavillon de pays alliés, dès lors qu'ils sont suspectés de trafic d'armes au profit de la Libye. Car il s'agit bien d'une opération de contrôle. Lors des négociations sur le mandat de la force Irini, des mécanismes de freins ont été mis en place à la demande de certains pays membres : si l'opération devait prendre un tour humanitaire et concourir au sauvetage de personnes en mer, les bâtiments seraient alors retirés de la zone.

Les notes de renseignement qui évoquaient des risques de trouble à l'ordre public ne venaient pas des armées.

La garde nationale est un vocable désignant les réserves du ministère de l'intérieur, police et gendarmerie, et les réserves des armées, directions et services, chacune de ces réserves restant sous la responsabilité organique des ministères et, au sein du MINARM, des chefs d'état-major. La réserve opérationnelle de premier niveau (RO1), parfaitement organisée et entraînée, pleinement intégrée et indissociable de l'active, monte en puissance depuis quatre ans avec beaucoup d'efficacité. Différents exercices décentralisés de convocation de la réserve opérationnelle de deuxième niveau (RO2) sont effectués chaque année dans les différentes armées. Cependant, l'activation de cette réserve soulève encore des questions : pour un soldat quittant le service actif, le fait d'être automatiquement versé dans la RO2, soumis à l'obligation légale de disponibilité et donc mobilisable, en cas de prise de décret en situation de crise grave, pourrait-il constituer un frein à la reconversion et à l'embauche ?

Je n'imagine pas que des troubles à l'ordre public puissent atteindre une ampleur telle que nous serions contraints de faire appel, au-delà de l'engagement des forces armées en substitution des forces de police pour des missions de garde statique, aux réserves, qu'il s'agisse de la RO2 ou même de la RO1.

La relance exige que nous fassions de la dépense publique intelligente. Or le ministère des armées sait dépenser l'argent public – c'est un atout que nous devons faire valoir – aussi bien dans les grands programmes d'infrastructures que dans le soutien des armées, le fonctionnement des armées et le MCO. La dépense publique, déconcentrée auprès des bases de défense, irriguera immédiatement le tissu économique local et donc national. Nous sommes bien positionnés pour cela.

La crise met en exergue la nécessité pour l'État de confirmer son rôle et de consolider ses institutions régaliennes. Il serait paradoxal qu'elle conduise à renoncer aux efforts prévus dans la LPM. Je me méfie simplement de calculs qui mèneraient, sur la base d'un PIB en forte baisse, à réduire les ressources en valeur absolue.

Le service de santé est parvenu à un équilibre particulièrement délicat, entre une médecine de l'avant, engagée dans les OPEX, et une médecine de spécialités, exercée dans les hôpitaux d'instruction des armées. Nous devrons tirer les enseignements de l'importance des hôpitaux de campagne mais nous ne pourrons pas faire croître le service de santé indéfiniment, d'autant que ce sont des activités duales. Par ailleurs, plus ces activités duales sont à haute valeur ajoutée, plus le décalage dans les rémunérations et les contraintes avec le monde civil est criant.

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