Intervention de le général d'armée François Lecointre

Réunion du mercredi 22 avril 2020 à 14h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général d'armée François Lecointre, chef d'état-major des armées :

Je n'ai pas de crainte concernant le Charles de Gaulle. Nous avons abrégé sa mission dès que nous avons appris le déclenchement de l'épidémie en le faisant rentrer immédiatement à Toulon. La seule contrainte opérationnelle a été l'annulation d'une mission complémentaire qu'il devait effectuer en Méditerranée, et ma seule véritable inquiétude réside dans la santé de nos marins. La décontamination est très rapide et sera achevée très prochainement, aussi le porte-avions sera à nouveau opérationnel lorsque l'équipage le sera. Son immobilisation ne devrait pas durer au point d'obérer son engagement et son emploi.

Nous avons déployé des moyens de détection sur la base de Djibouti, qui dispose par ailleurs d'un centre médical performant et de moyens de réanimation.

À propos de la coopération internationale, le dispositif RescUE de protection civile n'a pas été particulièrement efficace. Les armées européennes ont pu coopérer à travers les dispositifs existants et dans le cadre de relations bilatérales. Le commandement européen du transport aérien (EATC) a fait ses preuves et cela m'encourage dans l'idée que nous devons renforcer le service européen d'action extérieure, l'État-major de l'Union européenne (EMUE). C'est pourquoi nous devons nous assurer que la capacité militaire de planification et de conduite de crise (MPCC) soit placée sous les ordres de l'EMUE.

Avec les Britanniques et les Néerlandais, nous avons mis sur pied une cellule interarmées et interalliés de planification aux Antilles, sous l'autorité du COMSUP, pour aider les pays de l'arc Caraïbe à gérer cette crise avec les moyens que nous y avons déployés, comme nous l'avions fait après le passage d'Irma.

L'emploi du s au Sahel est particulièrement efficace ; nous usons de ces capacités complémentaires avec la retenue qui sied à un emploi éthique de cette arme.

Le doute a été levé depuis plusieurs semaines, la base de Creil n'est en rien à l'origine de la contamination. Plus on avance dans la connaissance de ce virus, plus on mesure que la contamination ne trouve pas son origine dans le retour des Français rapatriés de Chine.

L'annulation des exercices internationaux a des conséquences, par exemple, sur la qualification de nos moyens et de nos forces : l'exercice Citadelle Guibert devait permettre la qualification de notre État-major pour la CJEF (Combined Joint Expeditionary Force). Nous conservons l'essentiel, la préparation opérationnelle de nos outils de combat, mais une absence durable d'exercices internationaux nous fera perdre en efficacité et en interopérabilité.

Nous devons être attentifs à l'évolution de la coalition conduite par les États-Unis au Levant. S'agissant de la coalition pour le Sahel, dont nous sommes un des leaders, nous avons maintenu la conférence de lancement de la force Takuba ; nous devrions disposer d'une capacité opérationnelle initiale dès le mois de juillet afin de conserver le tempo défini lors du sommet de Pau.

Les moyens logistiques des armées sont exceptionnels, mais comptés. Il convient de distinguer les moyens que les armées sont les seules à détenir et qui sont requis par une situation d'urgence – l'A400M, capable d'atterrir sur des pistes réduites et qui part en Polynésie aider aux liaisons inter-îles ; le porte-hélicoptères amphibie, particulièrement utile dans les départements d'outre-mer – des moyens plus courants, que nous mettons à disposition alors que le secteur civil est contraint par le confinement – les camions de transport, par exemple. Nous sommes en train de préparer un appui à la phase de déconfinement, en gardant à l'esprit que nous ne devons pas faire concurrence aux entreprises de logistique qui reprendront alors leur activité.

La décontamination du Charles de Gaulle a été effectuée à 90 % par le 2e régiment de dragons, spécialisé dans le domaine NRBC. Les 10 % restants ont effectivement été confiés à une entreprise privée. Nous avons ainsi pu continuer à répartir les moyens du 2e RDNRBC sur l'ensemble du territoire national, y compris outre-mer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.