Intervention de Joël Barre

Réunion du mercredi 29 avril 2020 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Joël Barre, délégué général pour l'armement :

Je ne peux pas vous confirmer les chiffres parus dans La Tribune, qui situe la valeur du multiplicateur de croissance de l'investissement de défense à 1,27 à court terme, et à 1,68 à long terme. Il est à mon sens très difficile d'obtenir un chiffre global. Je n'ai aucun doute sur l'efficacité économique de l'activité de défense, qui irrigue l'ensemble des territoires et dont les retombées en matière d'emploi sont avérées. Je regarderai de plus près les différents travaux sur ce sujet pour vous fournir prochainement une réponse quantifiée.

Le soutien à l'exportation est fondamental. Nous avons pris contact avec l'ensemble de nos clients pour appuyer la demande des industriels relative à la clause de force majeure, et nous avons reçu de leur part des retours compréhensifs. Notre politique d'exportation devra être suivie de très près, car certains de nos clients subiront des contraintes budgétaires qui les conduiront peut-être à retarder certains projets, voire à les annuler. Nous ferons face également à une concurrence exacerbée de la part des industriels des autres pays. La publication du rapport annuel sur les exportations d'armement est prévue prochainement ; un point pourra être fait dans quelques semaines sur la situation actuelle et sur les perspectives à court et moyen terme.

Il faut être attentif à notre dispositif d'actifs stratégiques, car la crise, en les fragilisant, risque de rendre vulnérables certaines de nos entreprises. Je découvre avec satisfaction la mesure visant à abaisser le seuil d'intervention possible à 10 %. Nous devons disposer de moyens d'action aussi puissants que possible pour nous opposer à toute tentative de « prédation ».

Concernant la mise en place de la filière de masques grand public, nous avons mis nos moyens d'expertise et d'essai à la disposition des ministères de la santé et de l'économie, qui pilotent le projet de mise à disposition des masques grand public. Nous le faisons gratuitement vis-à-vis des industriels qui nous proposent des produits. Nous avons multiplié par cinq nos capacités d'essai depuis le début de la crise : nous testons actuellement 80 échantillons de masques par jour. Nous pouvons difficilement aller au-delà, mais cela nous a permis de tester à peu près un millier d'échantillons, dont un peu moins de 300 ont été classés en catégorie 2 et un peu plus de 500 en catégorie 1, ce qui donne environ 80 % de réponses positives. Les différentes propositions empruntent toutes le circuit de saisine de notre centre d'expertise, qui passe par la direction générale des entreprises (DGE) mais aussi par l'institut français du textile et de l'habillement (IFTH), notamment pour les dispositions de lavage. Nous ne connaissons pas les capacités de production associées à chacune des propositions ; c'est aux deux ministères concernés de s'en préoccuper.

La DGA s'emploie d'ores et déjà à faire davantage pour aider les PME et les ETI. Elle a aussi mis en œuvre la territorialisation des actions. Dans la plupart des centres techniques de la DGA situés en province, nous avons engagé la création de clusters d'innovations qui constituent à l'échelon local et régional le relais de l'AID, en relation avec les pôles de compétitivité régionaux.

Nous serons en mesure de vous répondre plus précisément sur l'enveloppe éventuelle qu'il faudrait consacrer à un plan de relance, lorsque nous aurons analysé toutes les propositions industrielles que nous recevons.

Sur l'Europe, je n'ai pas d'informations particulières à fournir sur les discussions qui peuvent avoir lieu à Bruxelles à propos du budget du FED dans le cadre du prochain agenda 2021-2027. Il est important que ce fonds soit confirmé. En attendant, nous nous employons à faire en sorte que les actions menées au travers de l'EDIDP soient couronnées de succès, afin qu'elles ne servent pas de prétexte à une diminution des objectifs du FED. Nous avons proposé une contribution de l'EDIDP au programme Eurodrone, et au programme de radio logicielle interopérable, nous soutenons les projets industriels européens d'intérêts proposés aux appels à projets de 2019 et nous préparons les réponses attendues pour la fin de l'année pour l'appel à projets 2020.

Nous avons pris des dispositions permettant de neutraliser dans nos contrats les retards consécutifs à la crise. Nous passerons les avenants nécessaires avec nos industriels pour adapter les échéanciers de livraisons, avec l'objectif de rattraper les retards d'ici à la fin de l'année prochaine.

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